Policiers à la retraite à l’époque des faits, Denis Lefrançois et son bon ami Yves Pontbriand, décédé en cours de procédures, se trouvaient en compagnie de leurs épouses, devant la maison mobile de M. Lefrançois, lorsqu’ils ont demandé à de jeunes cyclistes de quitter le parc, «parce qu’ils n’avaient pas d’affaire là» , s’est remémoré M. Lefrançois.
Voyant bien que les jeunes n’obtempéreraient pas à leur demande, les deux Québécois ont saisi leurs vélos lorsqu’ils en ont eu l’occasion, les ont placés sur leur voiturette de golf et les ont transportés jusqu’à l’entrée du parc, où ils les ont laissés.
«C’est tout ce qu’on a fait!» , de répéter Denis Lefrançois.
Il appert toutefois que l’un des jeunes hommes à qui les Québécois ont arraché le vélo est le fils d’une policière d’Hollywood et celui-ci affirme avoir été brusqué. Il n’en fallait pas moins pour que, quelques minutes plus tard, surgisse la cavalerie.
«Ils étaient huit policiers. Sa mère, tu le voyais dans ses yeux, elle était folle raide! Elle a mis sa main à son arme et m’a crié “Don’t move!”. Ils nous ont ensuite cloués au sol avant de nous mettre les menottes. Pendant ce temps-là, un autre policier a sauté à genoux sur moi, m’a frappé la tête sur l’asphalte. Yves a eu des côtes fracturées! Ils sont allés trop loin.»
Transportés à la prison d’Hollywood, les deux policiers à la retraite ont ensuite été transférés à la prison d’État où ils ont passé plus de 48 heures avant d’être libérés, moyennant une caution de quelques milliers de dollars.
Des procédures qui s’éternisent
En février 2010, la cour d’Hollywood rejetait les accusations de séquestration qui avaient été déposées, en décembre 2007, par les avocats de la Ville d’Hollywood, contre MM. Lefrançois et Pontbriand. Une semaine plus tard, ces derniers embauchaient Me Louis St-Laurent pour les représenter. En novembre 2011, au nom de ses clients, il déposait une poursuite de 100 000 $ (chacun) contre la Ville.
Douze ans plus tard, M. Lefrançois et la succession d’Yves Pontbriand (décédé en février 2012) attendent toujours un règlement.
«La Ville d’Hollywood fait durer les procédures. Elle a essayé de contester la cause pour qu’elle soit entendue en cour fédérale, ce qui leur a été refusé. S’en est suivi une succession de démissions de leurs avocats et des médiateurs assignés à notre dossier!» , raconte celui qui, en plus d’avoir passé 26 ans à la Sûreté du Québec, a aussi travaillé pour le défunt Service de police de Rosemère, aux enquêtes criminelles, et brièvement à Blainville, en 1997 et 1998.
Plus le même
Denis Lefrançois a tiré des leçons de cette expérience. Jamais plus il ne déviera de sa voie en sol étranger. Et surtout pas à Hollywood, en Floride.
«Si je suis témoin de quelque chose impliquant un Américain, je poursuis désormais ma route, sans m’arrêter. Ça, c’est officiel! En lisant les journaux de la Floride, tu t’aperçois assez vite que si tu n’es pas un local, un Américain originaire de l’État, c’est toi qui seras blâmé!»
Bien qu’il doute fort de voir, un jour, la couleur de cet argent, Denis Lefrançois, 70 ans, continue d’espérer. Le 29 juin 2018, la dernière fois qu’il a eu des nouvelles fraîches de sa cause, il apprenait que la Ville changeait d’avocat, pour une xième fois.
«Il faut être patient. Moi, je ne lâcherai pas!» , a-t-il conclu.
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