Un moratoire réclamé par les chambres de commerce

C’est du moins le message lancé par la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), la Chambre de commerce et d’industrie Thérèse-De Blainville (CCITB) et la Chambre de Commerce et d’industrie de Mirabel (CCIM) qui réclament un moratoire sur les restrictions imposées au PTET et en collaboration des deux paliers de gouvernements.

Travailleurs étrangers temporaires nécessaires

Dans un contexte économique particulièrement sensible en région, les chambres de commerce considèrent nécessaire d’agir rapidement sur le maintien du niveau actuel de travailleurs étrangers temporaires (TET) que l’on juge comme « travailleurs essentiels à notre économie régionale », disent-elle, de concert.

Le gouvernement du Québec projette des pertes de plus de 100 000 emplois – prévisions rehaussées mardi à 160 000 par le premier ministre Legault – avec l’entrée en vigueur des tarifs douaniers de l’administration Trump.

Le milieu des affaires estime que les entreprises embauchant des TET présentent des besoins spécifiques qui ne seraient pas automatiquement comblés par des nouveaux chômeurs, que l’on pense aux soudeurs ou encore aux travailleurs de l’industrie touristique de chacune des régions.

Impacts redoutés

L’on craint ainsi que des entreprises devront ralentir leur production, refuser des contrats et cesser leurs activités si le niveau de TET n’est pas maintenu.

« En pleine période d’incertitude économique, il serait déplorable d’ajouter une deuxième crise en privant les entreprises de travailleurs essentiels. Ces derniers contribuent à la compétitivité et à la vitalité économique de nos régions. En entreprise, on commence déjà à ressentir les effets des départs imminents de ces travailleurs », affirme Véronique Proulx, la présidente-directrice générale de la FCCQ.

« L’embauche de travailleurs étrangers présente plusieurs avantages stratégiques pour les entreprises de notre région. Nous pouvons penser à l’accès à des compétences spécialisées, l’apport d’innovation et de diversité, combler une pénurie de main-d’œuvre spécifique ainsi que de répondre à des besoins de flexibilité. Les entrepreneurs, les gestionnaires et les employés vivent suffisamment de pression et d’incertitude en ce moment qu’il n’est pas nécessaire d’en rajouter une couche », souligne pour sa part le président de la Chambre de commerce et d’industrie Thérèse-de-Blainville, Luc Landry.

« Au sein de notre territoire, plusieurs entreprises des secteurs industriel, agricole et de la restauration seront impactées à un moment crucial où nous devons faire front commun. Il est primordial de miser sur le maintien de la productivité de nos entreprises plus que jamais », souligne Gina Bergeron-Fafard, la directrice générale de la CCITB.

« Chez Quadra Plast, nous avons embauché 12 personnes issues de l’immigration (TET) pour combler des besoins qu’il était impossible de combler localement. À titre de directeur du Réseau Industriel de la CCITB, je suis bien au fait que plusieurs de nos membres sont dans la même situation que nous », ajoute Sylvain Tassé, Président de QUADRA PLAST.

Un million de retraités d’ici 2031

Selon les données officielles relevées au troisième trimestre de 2024, le Québec enregistrait 127 000 postes vacants et un taux de chômage moyen de 5,4 %. En 2023 seulement, plus de 62 000 permis de travail étrangers temporaires ont été délivrés au Québec qui comblent les emplois de plus de 17 000 employeurs.

Les chambres de commerce insistent : il faut évaluer l’impact des restrictions imposées à l’automne 2024 en tenant compte qu’il y aura un million de départs à la retraite d’ici 2031.

« On ne peut pas tenir deux discours contradictoires. D’un côté on dit aux entreprises “augmentez votre productivité” et de l’autre “réduisez le nombre de travailleurs étrangers”. Réduire l’immigration de travailleurs étrangers est économiquement intenable, particulièrement au moment où nous devons mettre les bouchées doubles pour augmenter notre compétitivité. Il faut se donner les moyens pour réaliser nos ambitions et l’application d’un moratoire fait partie de la solution », conclut Mme Proulx.