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Un projet immobilier controversé sur René-A.-Robert

Photo Alycia Gauthier. Les 3 bâtiments de 6 étages comporteraient un total de 343 logements.

Un projet immobilier controversé sur René-A.-Robert

Publié le 17/08/2023

La Ville Sainte-Thérèse ira de l’avant avec la construction d’immeubles à logements sur le Boulevard René-A.-Robert, un projet qui a surpris plus d’un Thérésien la semaine dernière.

Avec ses 3 bâtiments de 6 étages totalisant 343 logements et plus de 500 stationnements additionnels, le canevas est « trop costaud » selon Johanne Michaud, conseillère municipale du district concerné. Un premier plan directeur, qui accordait le développement de ce terrain avec celui de ceux avoisinants, avait été présenté à la population en 2017. Il était alors question de 40 maisons, 2 bâtiments de 4 étages et 16 unités ainsi qu’un seul bâtiment de 6 étages et de 32 unités, rapporte la conseillère.

« Le service d’urbanisme, avec la vision du conseil de l’époque, avait travaillé étroitement avec le promoteur pour s’assurer qu’on ait vraiment une belle harmonisation et un decrescendo de la hauteur des bâtiments vers Blainville », explique-t-elle.

Les choses ont changé en chemin, sans être divulguées. Christian Charron, maire de Sainte-Thérèse, explique ce silence par le fait que le règlement de zonage d’un maximum de sept étages imposé demeurait respecté par le promoteur, et qu’aucun seuil n’était fixé pour le nombre de logements. Ainsi, la consultation citoyenne n’aurait été ni nécessaire ni utile, estime-t-il.

« C’est déjà permis, donc on est pris », indique le maire en séance du conseil municipal du 7 août dernier, mentionnant « un droit acquis » pour le promoteur de modifier son projet dans le cadre donné.

« Si on change le zonage, il faut le faire avant que le projet soit déposé », fait-il remarquer.

Il évoque les risques de poursuites à l’intention de la Ville si elle recule sur sa position et ajoute que, « si elle considérait que la densité était trop élevée, l’ancienne équipe [de la mairie] aurait pu réduire le nombre d’étages permis, mais elle ne l’a pas fait. »

« Je ne sais pas comment on va y arriver »

S’anticipe maintenant une problématique au niveau du trafic sur le Boulevard René-A.-Robert, particulièrement fréquenté à l’heure de pointe et par le transport scolaire.

« C’est sûr que ça va créer un engorgement au niveau de la circulation énorme et que ça va nuire à la qualité de vie de nos citoyens, avance Armando Melo, conseiller municipal. Ça va être invivable. »

Le plus aberrant est, selon lui, l’absence totale d’étude d’impact sur la circulation.

« On a encore beaucoup de travail à faire pour assurer une fluidité adéquate, et on ajoute plus de 500 véhicules dans ce réseau-là, renchérit Johanne Michaud. Je ne sais pas comment on va réussir à survivre à cet ajout. »

« On a travaillé [avec le promoteur] pour bonifier le projet, […] mais effectivement, c’est une densité qui est assez élevée dans ce secteur », reconnait pour sa part Emmanuel Farmer, directeur de l’urbanisme de la Ville de Sainte-Thérèse, énumérant des ajouts tels que des squares, un parc et une traverse de piéton.

« C’est quand même un très beau projet, fait valoir Christian Charron. Il y a une piscine extérieure, il y a un parc et visuellement, c’est très intéressant. »

Le maire ajoute qu’une telle construction répond certainement au manque de logements actuellement observable dans la ville.

Des négociations possibles

Bien que le projet ait été adopté et que son fond ne changera pas, une issue de négociation se trouve dans le fait que le promoteur ait demandé des dérogations mineures, notamment au niveau du taux d’unités commerciales prévu à 75% au rez-de-chaussée. Un référendum sera donc adressé en ce sens à la population au courant des prochaines semaines, entrainant possiblement une réouverture du dossier.

« Toute la zone va être appelée à se prononcer », affirme Christian Charron, précisant que la consultation concernera seulement des particularités telles que celle énoncée plus haut. Cela dit, « si un nombre suffisant de personnes s’y oppose, le promoteur va devoir revenir devant le comité consultatif en urbanisme pour modifier son projet », concède-t-il.

Un « retour sur la table à dessin » peut donc être escompté selon Johanne Michaud, qui voit le processus d’un bon œil.

« Les citoyens ont beaucoup plus de pouvoir qu’ils ne l’imaginent, croit-elle. L’acceptabilité sociale est très importante dans ce projet-là et j’espère que le promoteur va être à l’écoute des citoyens et qu’il va pouvoir ajuster son projet en fonction de leurs besoins et du milieu de vie qui existe déjà. »