«Parce que la clientèle est de passage, il faut continuellement expliquer qui nous sommes et ce que nous faisons, autant aux jeunes qu’à leurs parents», exprime la directrice, tout en soulignant que certains préjugés sont tenaces: non, la maison des jeunes n’est pas une place de drogués; non, les jeunes ne dorment pas là.
En fait, il faut, le plus simplement du monde, y voir un lieu de rassemblement qui accueille les 12-17 ans, tous les soirs, entre 17 h et 22 h, et qui leur propose différentes activités. «C’est un prolongement de leur propre maison, un endroit où ils sont accueillis par des adultes formés, professionnels et signifiants. C’est un milieu sécuritaire et rassurant», dit-elle. Ces adultes dont elle parle, ce sont, bien sûr, les intervenants (voir autre texte), qui sont là tous les soirs pour écouter les jeunes et échanger avec eux sur la vie, sur ce qu’elle apporte de mieux et son contraire. Pour les guider, aussi.
Parce que l’adolescence est une période trouble, dans la vie d’un être humain, plusieurs de ces jeunes se retrouvent parfois dans ce que Manon Coursol et son équipe appellent une «zone grise». Leur personnalité ne colle pas aux activités que leur suggèrent les structures officielles de loisirs, certains ont quitté l’école ou s’apprêtent à le faire, d’autres ont commencé à consommer, bref, on y recense aussi des jeunes en voie de décrochage social. Parfois, ce sont les parents eux-mêmes qui ont décroché. En ce cas, aussi bien se retrouver devant un intervenant que rien du tout.
«Notre travail, c’est de connaître le jeune et de lui apprendre à se connaître. Parce que nous ne représentons pas une menace, notre message passe souvent mieux que celui des parents. Quand le jeune vit une problématique, nous lui faisons entrevoir toutes les possibilités. Nous essayons de lui faire voir les chemins qui s’ouvrent devant lui en lui suggérant de prendre le meilleur, mais en fin de compte, c’est à lui de choisir. En fait, nous l’aidons à devenir un adulte», poursuit Manon Coursol.
Ça se passe à la maison de la rue Saint-Lambert, mais l’objectif de l’organisme est aussi de rejoindre les jeunes partout où ils sont, à la patinoire, dans les parcs ou ailleurs, dans une sorte de mandat prolongé qu’on appelle le «travail de milieu». C’est une main tendue sans insistance, une invitation.
Ça se fait aussi en amont: un service appelé La Passerelle, dans le secteur du Carré Saint-Pierre, à Sainte-Thérèse, où un intervenant passe 35 heures par semaine avec des jeunes de 6 à 12 ans, dans un local prêté par l’Office municipal d’habitation. De la prévention pure, résume Manon Coursol, qui insiste sur la qualité du lien à tisser avec les jeunes: «Il faut être proche de nos jeunes, de la vie, sortir de nos livres.»
C’est aussi la Maison des jeunes des Basses-Laurentides qui, au fil des années, a implanté divers projets et services comme le travail de rue, le travail de corridor, des ateliers parents-enfants sur les habiletés parentales, la conciliation familiale et même Mesures alternative des Basses-Laurentides, qui est devenu un organisme distinct et autonome.
Bref, pour dire les choses autrement, la Maison des jeunes est perçue, dans la région, comme étant la ressource officielle pour des institutions comme la Ville de Sainte-Thérèse et la CSSMI. Elle est aussi présente dans une foule de comités et d’organismes voués à la jeunesse.