Après plusieurs mois et années de recherche, le professeur et enseignant au département de génie civil de la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke Arezki Tagnit Hamou a développé une technologie permettant d’introduire le verre dans la composition du béton.
La commercialisation de cette innovation sera assurée par le centre de tri Tricentris. Une bonne nouvelle pour le Centre qui permettra de trouver des avenues additionnelles pour la récupération du verre, une matière difficile à recycler à ce jour. «Il s’agit d’une mesure de développement durable qui aura pour effet de consolider la filière de la récupération au Québec, tout en améliorant la qualité du béton de construction», de mentionner Frédéric Potvin, directeur général de Tricentris.
L’utilisation du verre dans la composition du béton n’est pas une idée nouvelle dans l’univers de la recherche en génie civil. En Asie, des chercheurs avaient déjà réfléchi à trouver une solution pour recycler le verre, sans véritable succès. «Le véritable défi sera de trouver une façon économique et environnementale de compresser le verre afin de faire fonctionner les rouleaux compresseurs», mentionne le professeur Arezki Tagnit Hamou, visiblement satisfait du travail de l’ensemble de son équipe de recherche.
Résultats
Grâce à l’innovation de l’équipe du professeur Arezki Tagnit Hamou, tous les types de verre pourront être recyclés, et ce, malgré la présence de couleur dans leur composition. «Il faut savoir que la couleur dans le verre n’est que du colorant. Une fois que le verre est réduit et nettoyé, la couleur s’évapore», explique le professeur.
L’invention de ce dernier permettra l’utilisation optimisée de la poudre de verre comme ajout cimentaire afin de remplacer le ciment Portland dans des bétons ordinaires et de haute performance. Selon les résultats, le verre va remplacer une fraction du ciment qui entre dans la composition du béton. Il pourra être utilisé comme un ajout cimentaire alternatif. «Le recyclage du verre dans le béton permet de contribuer au développement durable de ce matériau de construction indispensable. L’innovation consiste en l’incorporation de la poudre de verre dans le béton et une optimisation bénéfique de son utilisation. De plus, la poudre de verre est utilisée telle quelle, sans changement dans sa composition chimique et sans ajout d’additif», décrit le directeur général de Tricentris. Il faut savoir que les formules du professeur sont prêtes à être utilisées et aucune autre étape de développement n’est requise pour l’application.
«L’innovation remplace jusqu’à 30 % du ciment par des substituts cimentaires d’origine locale. L’industrie cimentaire étant responsable d’environ 5 % de la production mondiale des gaz à effet de serre, cette technologie s’inscrit réellement dans une approche de développement durable pour les partenaires commerciaux», ajoute Frédéric Potvin.
De ce côté, la présidente-directrice générale de la Société de commercialisation et valorisation de l’Université de Sherbrooke (SOCPRA), Josée Fortin, s’est dite fière que l’exploitation de la licence soit accordée à Tricentris. «C’est grâce à la participation de plusieurs intervenants que les technologies développées dans le cadre de recherches universitaires peuvent atteindre le marché et participer à la création de valeur pour la société», dit-elle. Tricentris a l’intention de construire une usine, dans les prochains mois, à Lachute, pour le développement de cette technologie. Des approches avec des compagnies de construction seront faites sous peu. «On aimerait également que le gouvernement du Québec puisse faire pression pour forcer l’utilisation du verre recyclé dans le béton», a conclu le directeur général de Tricentris.