Pour le coordonnateur du ROCL, Benoit Larocque, cette exigence vide les AGA de leur sens. «Ce qui est censé être un moment de vie associative et démocratique s’en trouve réduit à une formalité administrative et légale. Nous comprenons que les organismes ont des comptes à rendre. Nous avons proposé au gouvernement de faire adopter les documents requis exceptionnellement par les conseils d’administration cette année, ce qui aurait évité bien des casse-têtes pour les équipes de travail. La réponse a malheureusement été une fin de non-recevoir», dit-il.
«Quelle est la priorité du gouvernement?, renchérit la présidente du regroupement, Stéphanie Gaussirand. D’un côté, on nous dit d’éviter les rassemblements, mais de l’autre, on nous pousse à tenir des AGA. Maintenant que tout le sud de la région est en zone rouge, ces consignes contradictoires créent beaucoup de stress dans les organismes, qui, depuis le début, tentent de s’ajuster et viennent à peine de reprendre des activités en personne en se conformant aux exigences de la santé publique. Et il est faux de penser que les assemblées virtuelles sont la solution miracle. Certains organismes n’y arriveront pas.»
Avec le confinement du printemps dernier, seulement un organisme sur cinq a tenu son assemblée générale annuelle, selon un sondage effectué par le ROCL. Bien que quelques groupes soient maintenant prêts à les réaliser, la plupart y voient d’importants défis tant dans l’organisation d’une assemblée en personne que dans l’idée d’une assemblée virtuelle.
De nombreux questionnements
L’accès à des locaux sécuritaires, donc assez spacieux pour accueillir l’ensemble des membres à une assemblée, est très limité. De plus, plusieurs organismes ne peuvent rejoindre l’ensemble de leurs membres de manière électronique, tout le monde n’ayant pas accès à Internet et à du matériel informatique, ni même à une connexion Internet stable. Dans le cas, par exemple, des maisons pour femmes victimes de violence conjugale ou des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), s’ajoute le défi de la sécurité. Des interrogations demeurent aussi quant à la distribution du matériel habituel: rapport d’activités, bulletin de vote, documentation, repas, etc.
Ces questionnements s’ajoutent à d’autres bien présents, puisque les AGA ne constituent pas la seule et unique tâche qu’ont à accomplir les organismes communautaires cet automne. La charge mentale reliée à la gestion du personnel à bout de souffle, à la mise en place des règles sanitaires, à la gestion des budgets fluctuants et à l’adaptation des activités et des services est réelle. De plus, les organismes voient les besoins de la population augmenter et tentent tant bien que mal de se réorganiser pour y répondre.
Dans ce contexte, le ROCL demande au gouvernement de revenir à la décision du ministère de la Santé et des Services sociaux du printemps dernier, qui stipulait que les organismes auraient à tenir leur AGA dans les quatre mois qui suivent la levée de l’urgence sanitaire. «Le gouvernement reconnaît que les organismes communautaires sont essentiels au bon fonctionnement de la société, et encore davantage en temps de crise, mais les exigences qu’il nous impose ne favorisent pas notre travail. Les priorités ne sont vraiment pas à la bonne place», déplore Mme Gaussirand.
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