C’est pourtant un spectacle en toute simplicité qu’a livré l’auteur-compositeur-interprète Poulin. Aucune de ses chansons ne correspond aux standards de celles qui font généralement lever les foules. On attend en vain les refrains qui ne viennent jamais, mais ses chansons n’en sont pas moins mélodiques et c’est d’ailleurs ce qui le singularise dans sa démarche musicale.
Dans ses chansons, Alexandre Poulin raconte des histoires, celles de la vie quotidienne, de ses préoccupations, de ses rencontres. Entre chacune de ses chansons, il nous raconte aussi des histoires: sa rencontre avec des survivants africains de la guerre, l’ami et ses amours malheureux. Ses anecdotes joliment racontées sont évidemment de beaux prétextes aux chansons qui suivront comme Diamant noir et Syndrome de Stockholm.
On ne sait pas s’il les invente, s’il les a vécues, mais qu’importe, leur poésie emballe le public qui observe un silence plus que respectueux pour ne rien perdre de ces mini récits simples et attendrissants.
Si ses chansons ont une résonnance folk, elles ne sont jamais dénuées de contenu et de profondeur. Ses textes se révèlent riches de vérité. Dans Hochelaga, il rappelle la révolte de ces enfants aux pères d’emprunt. Il parle aussi d’infidélité dans Le mouvement des marées, du deuil dans Petit géant et de la misère des prostituées de Montréal dans La p’tite Rosalie.
L’artiste originaire de Sherbrooke s’est aussi permis de piger dans ses premiers opus. De son premier album éponyme sorti en 2008, il a notamment offert Fernand et Un bout de temps. De son deuxième, lancé en 2010, Une lumière allumée, il a chanté San Francisco, Entre chien et loup puis L’écrivain.
Son ami Mathieu Perreault l’accompagnait tantôt à la guitare, tantôt au banjo et à la mandoline, ce qui a ajouté une ambiance intimiste au spectacle acoustique que Poulin a agrémenté de son harmonica.
N’eut été des épais manteaux d’hiver adossés aux chaises et des bottes aux pieds, on se serait cru autour d’un feu de camp avec un ami.
Le public paraissait ravi de ce rendez-vous avec l’artiste qui a été la Révélation de l’année à l’ADISQ de 2009, puis récipiendaire du prix auteur-compositeur-interprète aux Canadian Folk Music Awards, en 2011.
D’ailleurs, l’artiste a accepté deux rappels à l’insistance de ce public de tout âge, qui est reparti charmé par ce garçon sympathique et à l’âme sensible.