«C’est une invitation à un voyage immobile. Un voyage à l’intérieur de soi tout en riant, parce que c’est drôle, mais au final, je souhaite que les gens quittent la salle en amorçant une réflexion, qui est toujours plus fertile qu’une réponse» , exprime André Sauvé, en terminant cette entrevue qui précédait de quelques jours son retour au Québec (il habite une partie de l’année en France), pour entreprendre une nouvelle tournée qui l’occupera pour les six prochains mois.
Ces choses qui le fascinent
Or, ce spectacle qu’il vient nous présenter est le fruit de réflexions qui l’habitent et qu’il a laissé mûrir jusqu’à la table d’écriture. Ce titre (Ça) s’est alors imposé rapidement dans la démarche puisqu’il désigne, nous dit l’artiste, toutes ces choses que nous n’arrivons pas à nommer, dans la vie. «J’ai un long numéro, par exemple, qui porte sur les détours qu’on prend pour arriver à être ce qu’on est, sur les moments déterminants de l’existence qu’on désigne sous ce terme: ça» , décrit l’artiste qui met les pulsions, les intuitions, le hasard et le destin dans ce même panier des éléments qui nous guident vers un chemin plutôt qu’un autre.
«Ce sont des choses qui me fascinent pour vrai» , reprend l’humoriste qui a été découvert par Yvon Deschamps et Judi Richards, et qui soumet que cette rencontre aurait pu ne jamais se produire. Quelle aurait été sa vie, alors? Il suffit de bien peu de chose, parfois.
André Sauvé adore jouer avec ce genre de concept, d’autant plus que l’exercice lui permet d’utiliser comme jamais un autre objet de fascination: le langage. La rhétorique d’André Sauvé est d’une précision chirurgicale et participe à la construction d’une logique à toute épreuve, dans des envolées très denses et très construites, ce qui demeure une sorte de signature dans son cas.
«J’ai même un numéro là-dessus, sur l’action de parler et l’action de réfléchir, dit-il. Les mots me fascinent, comme la façon dont on formule notre pensée. Notre pensée n’est jamais linéaire, elle part de tous côtés, mais elle suit quand même un fil et repose sur une certaine logique. C’est un peu ce canevas-là que j’essaye de suivre quand j’écris. Et c’est important d’être précis, de placer chaque chose pour savoir où je m’en vais dans ce chaos logique.»
Et lorsqu’on n’arrive pas à exprimer sa pensée avec clarté, poursuit l’humoriste, c’est parce que notre relation avec les sentiments qui nous habitent n’est pas claire. «Si on clarifie ça, si le sentiment est clair, les mots viennent tout seuls. Par exemple, quand on est fâché, on ne cherche jamais nos mots» , énonce-t-il.
De la belle vaisselle et une coutellerie
Il y a le ton, aussi. Ce personnage du verbomoteur extrême qui vit intensément sur scène toutes ces quêtes qui l’animent a-t-il surgi spontanément, est-il une part de lui-même ou a-t-il été fabriqué de toutes pièces? «Ce n’est pas une fabrication rationnelle, mais tout ce que je raconte part évidemment de moi, de mes névroses. Je n’ai jamais réfléchi comme tel à développer le personnage, mais en le grossissant, ç’a donné ça. J’y suis allé par instinct et le personnage s’est imposé» , explique-t-il.
Et dans le cas qui nous préoccupe, le personnage évoluera dans un décor évoquant la sphère terrestre, avec éclairages et environnement sonore à l’appui. «Je sais que les spectacles que j’écris pourraient vivre avec un pied de micro, un tabouret, un verre d’eau et un rideau noir. Mais j’ai toujours consenti à ce qu’il y ait une enveloppe scénique. Je compare toujours ça à un bon repas. Je peux te le servir dans une assiette de carton ou dans de la belle vaisselle avec une coutellerie. Mais il faut que la proposition scénique (celle d’Hugo Bélanger) dise quelque chose, qu’elle serve à quelque chose» , indique l’artiste avant de répondre à la question posée tout en haut de cet article quant au genre d’invitation qu’il aimerait formuler à votre intention.
Pour accéder à la billetterie du Théâtre Lionel-Groulx, rendez-vous sur le site [http://odyscene.com].
MOTS-CLÉS
Sainte-Thérèse
Théâtre Lionel-Groulx
humoriste