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Annie Lalande, non-voyante: peindre, son rêve devenu réalité

«Ma peinture

Annie Lalande, non-voyante: peindre, son rêve devenu réalité

Publié le 02/09/2014

Massothérapeute bien connue à Saint-Eustache, Annie Lalande s’adonne à la peinture depuis plusieurs années. Elle a même accroché certaines de ses toiles dans son cabinet. Jusqu’ici, rien d’anormal. Sauf qu’Annie Lalande est… aveugle.

«Je peins depuis 2006. J’ai commencé avec une amie, France Gagnon. Un jour, elle allait peindre dehors avec ses mains. Elle m’a proposé de l’accompagner…» Voilà comment débute une passion.

Pendant plusieurs années, Annie Lalande va s’exercer à son art. Elle se fait guider par une tierce personne lorsqu’elle réalise ses tableaux. «Mais peindre avec quelqu’un par-dessus son épaule, ce n’est pas la même chose… Je vivais ça comme une restriction. Alors quand j’ai repris la peinture en 2011, cette fois je me suis lancée seule», confesse-t-elle.

Le système Paint Friend lui permet de reconnaître la couleur du tube d’acrylique qu’elle a entre les mains. «En général, j’en choisis trois ou quatre puis je m’abandonne à mon intuition. Mais attention, je connais les couleurs, car j’ai déjà vu.» (Annie Lalande a perdu la vue entre 16 et 20 ans, à la suite d’une maladie dégénérative). Elle se sert de ses mains comme outil, parfois de baguettes chinoises pour réaliser des œuvres abstraites, en une seule traite, car il serait très compliqué d’y revenir en plusieurs temps. «Cela me prend environ quatre heures pour peindre une toile», explique Annie. «Je peins de plus en plus souvent. J’ai exposé à Mirabel deux fois et réussi à vendre mes premières toiles. J’ai même eu ma première commande», avoue-t-elle avec fierté. «Ma peinture, c’est comme l’extension de mon cœur.»

En allant au bout de ses rêves, Annie Lalande force l’admiration et elle a même valeur d’exemple pour tous ceux qui vivent avec ce handicap et qui parfois pourraient perdre le moral. «Malgré ma cécité, je ne me suis jamais empêché de vivre. J’ai fait des études, je suis devenue massothérapeute et aussi maman et bientôt grand-mère. Je me sens bien. Je ne sais pas quand ni comment, mais je sais que je verrai de nouveau un jour…», confie-t-elle pleine d’optimisme,aux côtés de son beau chien Floris, de race Saint-Pierre, son troisième compagnon depuis le début de sa maladie.

Sa passion dévorante pour la peinture ne lui fait pas oublier son investissement auprès de l’association Mira qui forme ces chiens-guides pour les aveugles ou pour tout autre handicap. «Je me suis toujours beaucoup impliqué pour l’association, dans l’organisation de soupers de charité, le défi vision et autres récoltes de fond. Pour un aveugle, avoir un chien, ça change tout. Sans lui, je n’aurais pas pu prendre le bus et aller à l’université. Mais c’est un travail d’équipe. J’apprends le parcours, j’écoute le trafic et lui est là pour m’aider.»

Elle en profite pour lancer un appel aux passants attendris. «N’interpellez jamais un chien d’aveugle! S’il est distrait, son maître ou sa maîtresse pourrait être en danger.»

L’association Mira, qui sort environ 200 chiens par an, est toujours à la recherche de familles d’accueil pour les chiens en bas âge. Pour plus d’informations, consultez le site [www.mira.ca].