Pour cette troisième édition, les organisateurs avaient convié à nouveau le Musée McCord à sélectionner les œuvres des meilleurs caricaturistes illustrant La liberté d’expression, thème choisi à la suite de la tragédie survenue à l’équipe de Charlie Hebdo, le 7 janvier dernier, à Paris.
Le conservateur Christian Vachon a ainsi décidé d’exposer sur les murs les caricatures de Chapleau, Garnotte, Ygreck, Bado, André-Philippe Côté, Jacques Goldstyn, Roland Pier, Marc Beaudet et Aislin, artistes renommés pour cet art populaire et accessible. Encore faut-il bien comprendre l’approche de chacun, qui est bien différente. Tous se sont d’ailleurs présentés à Rosemère durant l’événement, qui se déroulait du 5 au 7 juin.
Les fins observateurs auront peut-être remarqué le souci du détail chez Serge Chapleau, influence directe de son admiration pour Jean Mulatier, célèbre caricaturiste français d’inspiration latine. Chez ce dernier, les détails sont omniprésents, ce qui fait également la marque de Chapleau qui s’amuse à faire des pieds de nez à ses personnages. Il privilégie la moquerie.
Le trait de crayon de Garnotte est plus simple, minimaliste même. «Avec Garnotte, on reconnaît tout de suite les personnages», souligne M. Vachon, en s’arrêtant devant les tableaux. Comme il était le président d’honneur de ce troisième rendez-vous, on lui avait consacré une exposition mettant en vedette une trentaine de ses œuvres, dans l’une des salles de la bibliothèque.
Aislin, le caricaturiste du journal The Gazette, lance des messages à portée nettement plus sociale par le truchement de ses dessins, signale le conservateur du Musée McCord. Et c’est aussi un vieux de la vieille. «Aislin, c’est le bonze de la caricature au Québec. En 2017, ça fera 50 ans qu’il fait de la caricature», fait remarquer Christian Vachon.
Ce dernier était de passage, samedi après-midi, pour livrer une conférence sur l’évolution de la caricature. Selon ses dires, les caricaturistes québécois tardent à se mettre au diapason numérique alors qu’en Europe, les caricaturistes dessinent directement avec ce nouveau médium.
L’utilisation des logiciels numériques a par ailleurs sorti les caricaturistes d’un certain anonymat puisqu’ils sont devenus des personnalités, au même titre que les chroniqueurs qu’on invite pour analyser l’actualité.
N’empêche que la numérisation servira de mieux en mieux ce type d’art, croit M. Vachon.
D’ailleurs, des caricaturistes moins connus accueillaient les visiteurs de passage à la bibliothèque pour leur tirer le portrait et ainsi les convaincre de la pertinence des nouveaux outils de dessin numérique.
Dans un coin, à l’entrée de la salle principale, les visiteurs pouvaient aussi visionner un montage de caricatures sous forme vidéo qui refaisait l’actualité.
Force est de constater que tout a été mis en œuvre pour distraire comme pour informer aussi bien les amateurs que les néophytes de la caricature.