L’offre est abondante, il est vrai, mais le public ne se fait habituellement pas tordre l’oreille, tant et si bien que la plupart des chœurs de la région vous ont fait au moins une proposition à l’approche de Noël. Celle de l’Ensemble choral Saint-Eustache (ECSE) se décline en deux temps (pour autant de lieux) et propose des œuvres de Benjamin Britten et Francis Poulenc.
Ce sera donc un programme «pur XXe siècle» , avec une première partie consacrée au compositeur français (Poulenc est né à Paris, en 1899, et séjourne au Père-Lachaise depuis 1963), dont on vous livrera les très beaux Quatre motets pour le temps de Noël, une œuvre en quatre mouvements qui se penche sur les mystères de la Nativité tout comme elle en exprime la joie, avec des lignes mélodiques qui ont posé une manière de défi aux choristes.
«C’est une œuvre magnifique, mais difficile» , exprime le directeur musical de l’ECSE, Jean Sébastien Lévesque. Poulenc n’étant ni chanteur, ni chef de chœur, mais plutôt un pianiste très habile, son écriture chorale prendra donc une couleur particulière. «Harmoniquement, c’est vraiment très intéressant. Il y a des accords très riches, parfois dissonants et même inconfortables. Parfois des accords consonants et très clairs, avec des lignes mélodiques assez surprenantes» , poursuit-il.
Britten en deuxième partie
Ces Quatre motets vous mèneront vers l’Anglais Benjamin Britten (1913-1976) et la très circonstancielle A Ceremony of Carols, une œuvre en 11 mouvements pour chœur et harpe qu’il avait composée pendant une traversée en bateau (des États-Unis vers l’Angleterre), en 1942.
Encore une fois, puisque Noël évoque à la fois le recueillement et l’expression d’une félicité associée à la foi et la pratique religieuse, cette succession de poèmes du XVIe siècle et de chants sacrés, tous écrits en vieil anglais et conservés sous cette forme (sauf pour l’introduction en latin), fait alterner les différents caractères musicaux et l’éventail des émotions qui s’y rattachent.
Jean Sébastien Lévesque en parle comme d’une œuvre facile d’accès, empreinte d’une certaine naïveté, par opposition aux œuvres plus cérébrales, plus intellectuelles de Britten, qui se laissent davantage apprécier après plusieurs écoutes.
Il faut savoir qu’elle avait été pensée pour un chœur d’enfants, ce qui mérite tout de même cette nuance importante: «L’œuvre a été écrite pour l’une des meilleures chorales d’enfants d’Angleterre, le Morriston’s Boys’ Choir, donc pour des jeunes qui faisaient de la musique tous les jours. Elle comporte des difficultés rythmiques et de nombreux défis pour les choristes.»
La version que vous entendrez est toutefois celle d’un élève de Britten, Julius Harrison, à qui le compositeur avait demandé, en 1955, d’en faire une partition pour chœur à quatre voix mixtes, ce qui convient évidemment à l’ECSE. Cette version, prend-on la peine de préciser, avait évidemment été révisée puis approuvée par M. Britten.
Un instrument méconnu
C’est le harpiste Matt Dupont qui accompagnera le chœur, lui qui se réserve par ailleurs un bout de programme, en première partie, pour nous faire apprécier l’étendue de cet instrument à la fois connu et méconnu. «Ce qu’on entend généralement se résume à de petits glissandos dans les musiques de film, évoque M. Lévesque, sourire en coin, mais on a rarement l’occasion d’apprécier des œuvres qui ont été spécifiquement écrites pour la harpe.»
À noter que deux représentations de ce concert de Noël sont à l’affiche, d’abord le dimanche 26 novembre, à 14 h, à l’église de Saint-Joseph-du-Lac, puis le samedi 2 décembre, à 19 h 30, au Centre d’art La petite église, à Saint-Eustache. Dans les deux cas, on s’informe auprès de Danielle Bourgeois, par courriel à choralesainteustache@gmail.com; par téléphone, au 514 823-6898; ou encore, via le site Web de l’organisme, au [http://www.ecse.ca].
MOTS-CLÉS
concert
Ensemble choral Saint-Eustache