Il est peut-être à Chibougamau, en ce moment, il est aussi passé par Deux-Montagnes, Sainte-Sophie et plusieurs autre endroits, l’hiver et la pandémie n’ont pas réfréné cette énergie créatrice qui l’anime. Faute de bois, de bronze ou d’autres métaux qu’il aime modeler dans sa propre forge, Charlem s’attaque désormais à un matériau tout autre, avec une ferveur égale et quasi athlétique!
«Je ne peux plus perdre de poids! J’ai fondu plus que la neige peut le faire elle-même!», s’exclame l’artiste qui doit manier la pelle et la scie mécanique, fabriquer des coffrages de bonne taille, et surtout soulever à répétition les caissons de bois qu’il utilise pour compacter la neige et en faire des blocs qui pèsent tout de même leur poids.
«Pour moi, la neige a toujours représenté une espèce d’amour saisonnier. Elle fait suite à l’obscurité de l’automne. Arrive le solstice et, tout à coup, le rideau blanc se déploie. Toute cette lumière, c’est comme un baume sur le cœur», enchaîne Charlem sur une note davantage poétique, en empruntant aussi le chemin qui le ramène à l’enfance, quand le petit garçon qu’il était adorait jouer dans la neige.
Point de vu d’artiste
Cette passion s’est commuée en projet artistique il y a quatre ou cinq ans, lorsque Charlem a eu l’idée de l’intégrer à sa démarche de médiation culturelle, lui qui aime aller à la rencontre du public chaque fois que l’occasion se présente. À Sainte-Sophie, par exemple (et aussi à Deux-Montagnes), il a monté de gigantesques labyrinthes dans lesquels (et sur lesquels) les enfants adorent courir, une activité particulièrement prisée dans le contexte que vous savez.
Sans compter que l’exercice lui permet d’exprimer son point de vue d’artiste sur la biodiversité. «Ça me permet de parler des animaux nordiques et des changements climatiques. D’essayer de mettre tout ça en relation avec nous, les citadins. On ne voit pas ce qui se passe dans le Nord, mais ça fond à la vitesse grand V. Tous les écosystèmes sont bouleversés», soumet l’artiste.
Quant à la fragilité du matériau et sa durée relative dans le temps, il faut bien sûr accepter philosophiquement la chose et s’arranger pour que les œuvres soient robustes (donc moins affinées) et qu’elles résistent le plus longtemps possible aux aléas de la météo.
Regarder le beau
«Mais je m’en sers aussi comme un tremplin pour montrer aux villes qui m’engagent qu’on peut faire de belles choses en grand format», indique Charlem, qui rêve de laisser des œuvres durables dans son sillon. «Le villes sont de plus en plus ouvertes à ça», de dire celui qui éprouve un réel attachement à l’égard des œuvres qui s’ancrent dans le paysage, comme on peut l’observer à loisirs quand on parcourt les grandes villes européennes.
«Dans la vie, ce qui nous fait du bien, c’est de s’arrêter pour regarder quelque chose de beau», ajoute Charlem qui est aussi l’auteur, ne l’oublions pas, d’une toile de 360 mètres, réalisée au Parc Jean-Drapeau en 2010. «Cette énergie-là, je l’ai toujours», ajoute l’artiste qui veut et qui peut, comme jamais auparavant, se concentrer à faire émerger le magnifique.
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