D’abord un bon film, servi par un scénario qui, sans réinventer le genre du road movie, est suffisamment bien ficelé pour entraîner son public vers une finale inattendue et fort bien amenée, le tout servi par d’excellents acteurs évoluant dans ces très beaux décors naturels, croqués en Gaspésie (Sainte-Anne-des-Monts).
Il y avait aussi une très amusante et non moins instructive conversation entre l’animateur de la soirée, Frédéric Lapierre, et son invité à qui l’on rendrait de surcroit hommage, par le truchement de quelques déclarations d’amour servies sur vidéo ou par écrit, auquel cas elles seraient lues par le maître de cérémonie.
C’est ainsi que Richard Angers lui-même, les réalisateurs Charles-Olivier Michaud et Frédéric D’Amours, l’auteur et comédien Claude Meunier, tout comme les Marina Orsini, Michel Côté et Marie-Thérèse Fortin ont souligné les 45 années de carrière de Marc Messier, dont on est allé jusqu’à dire qu’il figurait désormais au patrimoine national (Fortin) et qu’il était sans contredit l’un des «deux» meilleurs acteurs de tous les temps au Québec (Côté).
Intériorité et non-dit
Avec Frédéric Lapierre (et le public qui était invité à poser des questions), on a pu faire la cosmogonie de ce film paru l’automne dernier et qui raconte l’histoire d’Adrien, un homme tranquille dont la vie est soudainement chamboulée quand deux jeunes délinquants, qu’il vient de surprendre en train de commettre un crime, le kidnappent et l’entraînent dans leur fuite. L’intérêt du film réside alors dans la relation qui s’établit entre cet homme, qui a jadis pleuré un fils, et ces deux jeunes de 14 et 18 ans, qui ont fui plus d’un foyer d’accueil après le décès tragique de leurs parents.
On savait que Marc Messier avait ressenti une sorte de coup de foudre, à la lecture de ce scénario, bien heureux qu’on lui offre ce genre de rôle qui ferait appel à un jeu davantage intériorisé, d’autant plus qu’un élagage progressif des dialogues mènerait les acteurs dans les territoires parfois beaucoup plus efficaces du non-dit.
«J’étais à la fois surpris et très content qu’on me propose ce personnage», de raconter le comédien tout en ne manquant pas de souligner qu’il avait tenu plusieurs rôles dramatiques dans sa carrière, énumérant au passage Portion d’éternité, Le Sphinx, Grande Ourse, Le ciel sur la tête, et même Lance et compte.
La satisfaction du travail bien fait
Revenant au Pacte des anges, Marc Messier a laissé entendre son admiration pour le film et ses artisans, se livrant même, sans fausse modestie à une appréciation de son propre travail.
«Je trouve que Dominique Champagne a fait tout un travail au montage», a-t-il débuté, louangeant le rythme donné au film et le bon dosage dans la gradation des émotions.
«Pour ma part, le principal défi était de rendre le personnage crédible. À la lecture du scénario, je l’aimais, mais j’avais de la difficulté à m’imaginer dedans. Je le voyais à l’extérieur de moi, je pensais même à d’autres acteurs. Mais à force d’y penser, il a fini par s’installer à l’intérieur de moi, malgré moi. Maintenant, quand je vois le film, il y a certaines scènes où je n’ai pas l’impression que c’est moi, mais bien le personnage», d’exprimer l’acteur.
Marc Messier a bien raison d’être satisfait de son travail et de se donner la permission de l’exprimer. Et nous de l’applaudir. Quand on a fait ses preuves, quand on a le métier qu’il a, on peut se prêter à haute voix à ce genre d’auto-analyse sans que ce ne soit aucunement prétentieux. Savoir attendre le moment, voilà peut-être un signe de maturité.
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