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Confluences: une exposition signée Juliette Demers-Cyr et Isabelle Gagné

Photo : Reine Côté –

Confluences, une exposition hors normes par deux artistes à la démarche singulière, présentée jusqu’au 7 novembre, au Collège Lionel-Groulx, tout près du Kafé étudiant.

Confluences: une exposition signée Juliette Demers-Cyr et Isabelle Gagné

Publié le 01/11/2025

Jusqu’au 7 novembre prochain, le Collège Lionel-Groulx propose de découvrir l’exposition Confluences présentée en binôme par deux de ses anciennes étudiantes : Juliette Demers-Cyr et Isabelle Gagné.

Dans la soirée du 16 octobre dernier, organisateurs, amis et amateurs d’art s’étaient réunis dans la salle d’exposition de l’établissement collégial pour prendre part au vernissage de cette exposition singulière, où les territoires naturels sont au cœur même de la démarche des deux artistes.

C’est que les artistes visuelles présentent le même intérêt pour les espaces naturels et habités, les considérant comme des espaces de mémoire et de transformation.

Approche individuelle, intérêt collectif

D’entrée de jeu, l’exposition pose le questionnement de la démarche collective. À une époque où les enjeux environnementaux préoccupent de plus en plus d’individus sur la planète, force est de se demander si la démarche artistique ne se conjugue pas plus au pluriel qu’au singulier lorsqu’elle s’expose ainsi sur les habitats naturels, sur l’environnement.

« Sans donner le rôle de l’artiste activiste, mais je pense qu’il y a beaucoup d’artistes actuellement qui ont des pratiques qui relèvent de ce qui ne fonctionnent pas, de questionnements en environnement ou sur le féminisme. Mais oui, je pense que le rôle de l’artiste a toujours été un peu de dénoncer, de pointer quelque chose du doigt, peu importe la force du cri », soutient Isabelle Gagné, en soulignant que d’autres époques ont aussi entraîné des démarches artistiques plus dénonciatrices comme celles des deux guerres mondiales.

« Dans ma pratique avec d’autres artistes, je vois qu’il y a des pratiques qui sont plus engagées au niveau des intérêts, des enjeux. C’est moins centré sur le vécu de l’artiste, mais davantage sur les phénomènes sociaux et environnementaux », constate pour sa part Juliette Demers-Cyr.

Techniques d’expression

En travaillant à partir de prélèvements, elles ont créé toutes deux des œuvres personnelles et croisées dont certaines sont nettement intrigantes, tout en révélant le monde aquatique sous un autre œil. Chacune a exploré l’environnement en y laissant découvrir des micro-organismes, des vues sous-marines et même certaines formes hybrides inspirées entremêlant nature et culture.

Pourtant, les deux artistes ne sont pas de la même génération, Isabelle Gagné a été diplômée du programme d’Arts visuels du CLG en 1990, tandis que sa comparse faisait partie de la cohorte de 2018. Malgré ce qui les sépare, les deux artistes parviennent à réunir leur sensibilité commune pour les territoires naturels, en proposant leur réflexion à travers leurs œuvres sur notre rapport au vivant et la fragilité et mouvance du monde qui nous entoure.

Isabelle Gagné s’est intéressée à la présence des matières composant la rivière aux chiens en puisant bactéries, spores, micro-organismes qu’elle a superposé sur des images et photographies qu’elle propose d’observer sous microscope.

« Pour l’artiste Gagné, la mémoire se conçoit comme un flux en circulation constante, reliant l’humain et le non-humain, le passé et le présent. Ce travail se déploie dans deux espaces complémentaires : Échos du vivant, comme laboratoire de recherche et rivière aux chiens, comme œuvre web évolutive qui accumule et réactive les observations au fil du temps », peut-on lire dans la présentation de l’exposition, à l’entrée de la salle.

Quant à Juliette Demers-Cyr, elle s’exprime par le truchement d’œuvres photographiques et vidéos, issues d’expéditions menées dans divers milieux humides et plans d’eau du Québec, du fleuve Saint-Laurent ainsi que des rivières des Mille-Îles et Outaouais, jusqu’aux lacs des Laurentides.

Celle-ci souhaitait révéler la richesse et la complexité des écosystèmes, ce qui lui a permis de présenter les contrastes entre environnements isolés, perturbés par la pollution ou par la présence d’espèces envahissantes. En exploitant la photographie et la vidéo sous-marine de même que la numérisation 3D, l’artiste Demers-Cyr suggère à la fois un émerveillement et une réflexion sur l’équilibre précaire des milieux naturels.