« Je ne les avais pas contactés, je n’avais rien soumis. Ils m’ont trouvée à partir de mon travail et de mes résultats dans des concours internationaux. » Après s’être pincée une xième fois, elle écrit aux organisateurs pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une attrape où elle devrait dépenser 10 000 $ pour participer. Non : « On vous invite, on veut que vous nous envoyiez une photo et exposer votre œuvre », se fait-elle répondre.
« Le plus prestigieux festival du monde »
Kelly Burke, correspondante artistique pour The Guardian Australia et lauréate du prestigieux prix Walkley, décrit Arles comme « le plus ancien et le plus prestigieux festival de photographie au monde ». Un tremplin international, reconnu pour avoir lancé d’innombrables carrières.
Pour Sonia Daviault, cette consécration n’a rien d’anodin. En entretien avec le Nord Info, elle se remémore ses débuts : « Quand j’ai fini mes études, au dernier cours, je monte mon portfolio et le prof qui m’évalue me dit : “J’espère que tu n’as pas trop d’attentes pour vivre de ce métier-là. C’est un métier difficile. Il y a beaucoup d’autres personnes qui ont beaucoup plus de talent que toi.” »

La photographe d’ici accumule les récompenses et peut maintenant se targuer d’avoir sa place parmi les plus grands noms du a métier. Elle sera la seule représentante du Canada lors de la semaine d’ouverture, du 7 au 13 juillet.
Sonia le reconnaît : à 39 ans, mère de famille en reconversion, elle n’avait pas d’objectif de carrière clair. « J’avais juste envie de faire de la photo ». Et peut-être que si elle avait été plus jeune, moins ancrée, cette remarque-là aurait pu l’abattre. Mais pas cette fois. Elle l’ignore encore à ce moment, mais elle sera la seule de sa cohorte à vivre du métier.
Une fois le choc passé, on trouve dans le parcours de l’artiste toutes les réponses. Il ne s’agit pas de son premier fait d’armes, elle qui a mérité la cinquième place au Legacy Portrait Award dans la catégorie senior, ainsi que la sixième position toutes catégories confondues au Portrait Photography Award. Deux concours internationaux où l’excellence est la norme, et où le simple fait d’être finaliste tient déjà de l’exploit.
Une démarche incarnée
Quand on lui demande ce qu’une bonne performance aux Rencontres de la photographie d’Arles représenterait pour elle, elle marque une pause. « Je ne sais pas où ça va me mener. Je suis encore sur mon nuage. Mais ça ne peut pas nuire. J’accueille ça les bras tout grands ouverts. »

Le portrait intitulé Douce romance est celui que l’artiste a choisi pour l’exposition d’Arles. Il met en scène le modèle Daphnée Leclerc.
Une chose est certaine, elle ne se laissera pas changer par cela. Comme lorsqu’elle fut confrontée aux critiques assassines en début de parcours, elle ne monte jamais trop haut, et ne tombe jamais trop bas. Parce que sa démarche est honnête, incarnée, humaine.
Dans son studio de Rosemère, elle cherche la vérité, elle ne la fabrique pas. Tout commence souvent par un détail : un faux cil qu’elle refuse d’imposer, une lumière déplacée de deux pouces, une robe de chambre transformée en robe de gala avec deux épingles et un regard juste.
Elle guide, elle ajuste, elle rassure. « Souvent, elles se regardent et elles pleurent », dit-elle en parlant de ses modèles.
Mais cette fois, l’émotion sera sienne. Son portrait déployé sur sept pieds de haut, parmi quarante des plus grands noms sur la planète. Une ampleur rare, à la hauteur du plus grand festival de photo au monde… avec les flots du Rhône en trame sonore.
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Sonia Daviault
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