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Emmanuel Bilodeau: danger de mort!

Emmanuel Bilodeau poursuit sa tournée One Manu Show jusqu’en 2015. Il était de passage à la salle Pierre-Legault

Emmanuel Bilodeau: danger de mort!

Publié le 20/11/2014

Douzième d'une famille de douze, bardé de souvenirs d'enfance plus ou moins heureux et marqué par les mêmes angoisses héritées de son père, le plus vieil humoriste débutant autoproclamé du Québec, Emmanuel Bilodeau, s'est amené à Rosemère, samedi dernier, pour présenter son premier spectacle d'humour.

«Êtes-vous prêts? Parce que ça va demander pas mal d’énergie pour me suivre», a?t?il lancé. Le ton était donné et les presque deux heures qui ont suivi lui ont donné raison. Pas facile de toujours le suivre. Mais on y arrive tout de même et tant pis pour les mots (et même les phrases entières) qu’on échappe!

Même s’il parle abondamment de ses trois enfants «de marde» qu’il surnomme affectueusement Sweet (sixteen), Fucking (four) et Terrible (two), et de la joyeuse et mélodieuse famille von Trapp qu’il s’était imaginée AVANT l’arrivée de ses enfants – «Ça fait 16 ans que je n’ai pas dormi!» –, Bilodeau se présente d’abord et avant tout comme un fils: celui de Louis et Marie-Thérèse Bilodeau, le douzième enfant du couple et le seul, selon lui, qui n’a pas été désiré et à qui on a fait croire qu’il était adopté, lui qui a pourtant hérité de mêmes phobies, angoisses et peurs de son père.

«Danger de mort», criait ce père à ses enfants, à tous moments. Décédé depuis 22 ans, son père est pourtant omniprésent dans son spectacle, même si depuis son départ, constate son fils, tous les médias ont pris sa place. «Denis Lévesque me traumatise», lance-t-il, avant de se lancer dans le récit invraisemblable de l’invasion à domicile qu’il a un jour subie (ou imaginée?).

Davantage conteur qu’humoriste, Bilodeau fait rire et réfléchir à la fois. Au?delà de sa verve abondante et parfois un peu confuse, il réussit à nous entraîner dans ses histoires les plus folles, comme celle de ce spermatozoïde qui lui a permis de naître ou encore celle de sa relation amour-haine avec sa carte de membre Exécutif Privilège Costco et de sa peur maladive de manquer de nourriture: «Là, je peux acheter mon poids en riz.»

Puis, Bilodeau ramène sur scène Tonino Tomato, un personnage qu’il a présenté lors des galas Juste pour rire et à qui il s’amuse à faire dire les pires jeux de mots.

Le poème à sa fille Sweet, livré dans un parc, devant ses amis, est particulièrement touchant et mène à la pièce de résistance du spectacle, son discours-testament de citoyen engagé à ses enfants, dans lequel il manie le verbe avec finesse et joue avec les mots comme pas un. Ou plutôt, m’a?t?il semblé, à la manière de Sol. Livré avec intensité, ce texte puissant à saveur souverainiste a aussi permis à Bilodeau de faire un clin d’œil à René Lévesque, tout en subtilité, en plaçant ici et là un regard ou une gestuelle de son personnage devenu fétiche.