La réalisatrice arrivait tout droit de l’aéroport Montréal-Trudeau lorsqu’elle est débarquée à Saint-Jérôme. Valise à la main, elle venait de compléter, en sol américain, une tournée de promotion de ce documentaire qu’elle présente un peu partout sur la planète depuis sa sortie. C’est une dame en pleine possession de son sujet, et visiblement habituée d’être bombardée de questions, qui s’est présentée devant les journalistes.
«J’avais envie de comprendre et d’apprendre sur un sujet qui m’intéressait, ce paradigme complètement martien qu’est l’apprentissage autonome», a expliqué Mme Bellar qui, au tournant des années 2010, alors jeune maman, est donc partie à l’aventure, en France, en Angleterre, aux Etats-Unis et en Allemagne, à la rencontre d’auteurs qui traitaient de ce phénomène dans leurs bouquins, mais également de parents qui ont choisi de ne pas scolariser leurs enfants, ni à l’école ni à la maison, et de les laisser apprendre librement ce qui les passionne.
«Je me suis dit que ces gens n’auraient pas de temps pour moi si je me présentais comme une jeune maman, mais que si j’en faisais un documentaire, ils accepteraient de me rencontrer».
Être libre d’apprendre
C’est ainsi qu’au gré de ce long périple, Clara Bellar a cherché et obtenu des réponses à ses questions dont l’une était de savoir s’il était préférable, pour le développement de son enfant, qu’elle le garde avec elle à la maison ou encore qu’elle l’envoie à l’école comme semble l’exiger la société .
«Pour plusieurs, a mentionné Mme Bellar, l’apprentissage autonome est synonyme de: asocial, illettré, au chômage, sans amis. Mon but était donc de partager l’information que j’ai récoltée. Je ne voulais surtout pas dire que [l’apprentissage autonome] c’est le meilleur choix pour tout le monde, mais que c’est un choix qui est bon pour ceux qui décident que pour leur famille c’est le bon choix».
Témoignages d’enfants et de parents
Des enfants, devenus adultes, ont aussi témoigné. C’est le cas notamment d’André Stern, fils du chercheur et pédagogue Arno Stern. Aujourd’hui âgé de 45 ans, André Stern n’a jamais mis les pieds dans une école et pourtant, il semble s’en être bien sorti dans la vie, exerçant les métiers de guitariste, luthier, journaliste et auteur.
«On visualise qu’un enfant qui ne va pas à l’école reste à la maison. C’est faux!, mentionne André Stern dans le documentaire. J’avais pris l’habitude d’apprendre les langues après le petit-déjeuner, poursuit-il. Dans la période où j’ai appris l’allemand, il n’y a plus que l’allemand qui comptait pour moi et donc, je me suis mis à ne faire que ça parce que je disposais de mon temps et que je n’avais pas l’obligation après 50 minutes d’allemand, de passer à 50 minutes d’autre chose.»
«Pour ma femme et pour moi, de renchérir son père, Arno Stern, il était évident que nos enfants ne seraient jamais soumis à un programme d’instruction, mais qu’ils pourraient découvrir autour d’eux tout ce qu’ils ont envie de connaître.»
Surveillez l’horaire du Cinéma St-Eustache. Le documentaire Être et devenir y sera présenté prochainement.