C’est que Frédéric Lapierre, auteur, cinéaste, agent d’artistes, animateur, viveur et réfléchisseur-à-toutes-sortes-d’affaires, y animait depuis quelque temps une activité fort populaire appelée Au fil de l’eau, au fil des mots, un circuit littéraire ponctué de conversations entre l’animateur et un(e) auteur(e) qu’on plantait dans un décor toujours magnifié par une rivière ou un fleuve (le seul que nous ayons en fait).
Mais voilà, cette fâcheuse pandémie à cause de laquelle nous ne pouvons plus écrire le moindre article de journal sans être contraint de la mentionner, avait aussi forcé l’annulation de cette activité dont on a revu la formule et qui nous parviendra virtuellement et gratuitement sous cette appellation simplifiée : Au fil des mots. On parle désormais de capsules filmées à huis-clos, à la bibliothèque de Repentigny, sans public et à distance «horacienne», des entrevues de vingt minutes qui porteront sur les goûts littéraires des invités de Frédéric Lapierre (pas nécessairement des auteurs), lequel posera fatalement cette question : «Comment vivez-vous votre pandémie?».
En fait, il serait plus juste de dire : comment vivez-vous le confinement? «On ne peut pas faire comme si ça n’existait pas, considère l’animateur. Je veux savoir ce que ç’a fait dans leur vie, est-ce que ç’a changé quelque chose et quel a été l’impact sur leur travail.»
L’effet COVID
À tour de rôle, et à compter du lundi 6 juillet à 19 h, Frédéric Lapierre accueillera Claudia Larochelle (animatrice, journaliste et écrivaine), Marc Labrèche (comédien et animateur), Marc Messier (comédien) Élodie Grenier (comédienne), Alexandra Bastien (artiste visuelle), Chantal Brodeur (auteure), Anaïs Barbeau-Lavalette (cinéaste et romancière), Émile Proulx-Cloutier (comédien, cinéaste, auteur-compositeur-interprète) et Mélanie Demers (chorégraphe). «L’idée, c’est de rencontrer des gens dont on est assuré qu’ils nous feront du bien», résume Frédéric Lapierre à propos de cette brochette d’invités qui pourraient ultimement n’avoir aucun rapport au livre. À défaut, il y aura le confinement. «Je suis aux anges, dit-il. J’aime aller à la rencontre de gens, les découvrir et permettre qu’on les découvre au-delà de ce qu’on sait déjà sur eux. Cette série est un effet de la COVID, mais à mon avis, nous ne sommes pas perdants.»
Ça fait plus d’un quart de siècle que Frédéric Lapierre joue les intervieweurs, un exercice auquel il s’adonne passionnément et talentueusement depuis son tout jeune âge (la fin de l’adolescence, en fait), d’abord à la radio et, par la suite, via les ciné-clubs et différents festivals consacrés au 7e art.
C’est son amour du cinéma qui l’y a conduit. «C’est un art qui me brûlait, qui me consumait, en même temps que je réalisais que ce n’était pas le cas pour tout le monde autour de moi. Je devais être plutôt lourd pour mon entourage», reconnaît Frédéric qui, dès qu’il a pu, s’est mis à parler de sa passion dans les journaux étudiants du secondaire, avant de soumettre un projet d’émission à la station de radio CISM. «Je voulais recevoir des gens qui partageaient ma passion», raconte celui qui, à sa grande surprise, a vu rapidement de grosses pointures accepter ses invitations : André Forcier, Anne-Claire Poirier, Jacques Leduc ou Paul Tana. Ça lui a permis, à la longue, de prendre confiance, de grandir (à ses propres yeux) et de se considérer à la hauteur des artistes qu’il rencontrait.
Ça l’a mené jusqu’au Festival de Cannes et dans d’autres grands événements consacrés au 7e art, où il a pu rencontrer des artistes importants (Jean-Louis Trintignant, Charles Binamé, Jaco Van Dormael, Denis Villeneuve, Pierre Falardeau) autant de gens qui aimaient parler de leur métier et qui le faisaient, a-t-il rapidement constaté, sans le regarder de haut, ce qui amène aujourd’hui ce constat tout simple: «Il sont comme moi, ils aiment le cinéma.»
L’autre visage
Ceux qu’il rencontrera dans le cadre de la série Au fil de l’eau adorent aussi leur métier, la vie, les livres ou autre chose, et c’est précisément ce que Frédéric Lapierrre, qui aime particulièrement débusquer l’humain tapi dans l’être, s’efforcera de vous faire découvrir.
Pour une des rares fois en 25 ans, il manquera un élément important, le public, duquel il aimait se faire complice. Cette fois, il n’y avait (il n’y aura) que lui, la personne invitée et deux techniciens. «À la première entrevue, raconte Frédéric, ça m’a pris 10 minutes avant de comprendre comment ça marchait, comment jouer avec la caméra. Heureusement, ou presque, il y a eu un pépin technique et nous avons dû reprendre du début. C’était beaucoup mieux. J’aime beaucoup le faire en présence du public, mais finalement, c’était très agréable de vivre cette intimité-là avec l’invité.»
Cette fois, le public, il est à un clic. C’est vous. Et si le cœur vous en dit, recherchez les capsules Au fil de l’eau, sur Facebook, à compter du lundi 6 juillet.
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