Oui, vous avez bien lu. On vous parle bien de Guylaine Tanguay, celle qu’on voit chanter et iodler avec bonheur sur toutes les scènes possibles et qui se permet un petit détour, histoire de nous montrer l’étendue de sa palette et de nous faire entendre une voix résolument rock.
Un coup de cœur
On le constate d’ailleurs rapidement, au fil des 13 chansons qui meublent cet album, des classiques du King que la chanteuse reprend sans rien changer à la structure, mais qu’on a apprêtés en glissant, ici et là, de subtiles résonances country qui passent notamment par le violon, la mandoline, la guitare Dobro ou la steel guitar (les arrangements sont de Sébastien Dufour). «Mais le spectacle est beaucoup plus rock. On a enlevé ce qui adoucissait les chansons pour en garder toute la puissance» , précise d’emblée la chanteuse qui voulait explorer à fond, sur scène, cet aspect de sa personnalité artistique.
À l’origine du projet, rien de moins compliqué qu’un coup de cœur ressenti il y a quelques années, lors de sa première visite à Graceland. «Au départ, je n’étais pas une fan finie d’Elvis, mais durant cette visite, j’ai eu l’impression qu’il était là, que son âme était là, raconte la chanteuse qui, poursuivant alors sa route jusqu’à Nashville, en avait profité pour écouter en boucle des chansons du monsieur. Je me suis dit que ce serait vraiment plaisant de faire ça sur scène, un jour. Il y a de belles ballades, mais aussi des chansons qui demandent un certain caractère.»
À sa manière
Voilà pour la cosmogonie de cet album fort bien fait et qui prend nettement ses distances avec ce qu’on entend habituellement, c’est-à-dire des reprises proposées par des hommes qui s’obligent, dirait-on, à se prendre une voix sépulcrale, comme s’il n’y avait aucune autre façon d’aborder ces chansons-là.
«Je n’avais évidemment pas cette contrainte-là, d’autant plus que je ne chante absolument pas comme Elvis. Je voulais tout simplement les faire à ma façon, en utilisant le côté plus rauque de ma voix» , dit-elle. Et vous savez quoi? Le public n’est pas déçu, et ça inclut les fans invétérés du King qui le lui ont fait savoir. «C’était important pour moi. Je ne voulais pas les décevoir. J’ai beau croire en mon projet, la confirmation me vient toujours des gens qui se déplacent et qui s’assoient devant moi. J’ai du plaisir à être sur la scène, j’ai du plaisir avec mes musiciens, mais il faut que ça se passe aussi devant moi. C’est majeur» , confie Guylaine Tanguay.
Celle-ci ajoute que le spectacle 3764 Elvis Presley Blvd rompt avec la tradition country (une chanteuse, un tabouret, une ambiance doucereuse) en proposant davantage un ensemble dynamique, avec quatre danseurs et autant de musiciens qui participent de toutes sortes de façons. «Ça bouge sur scène, ça déplace de l’air, ça brasse, résume l’artiste. Ça demande beaucoup d’énergie de la part de tout le monde.»
Un spectacle qui fait du bien
Plus est, Guylaine Tanguay demeure convaincue que son public habituel ne sera guère déstabilisé. «La plupart des chansons d’Elvis ont une base country. Avec les musiciens, on l’a réalisé assez vite. Je ne pourrais pas, par exemple, faire la même chose avec des chansons de Madonna ou de Michael Jackson» , dit-elle.
Le spectacle est construit sur la base de différents tableaux couvrant la carrière du King, selon les étapes, les époques et les styles qui la caractérisent. Guylaine Tanguay sera votre guide et vous fera entendre beaucoup plus que les 13 chansons de l’album, puisque la matière sera généreuse au point d’explorer, par exemple, l’univers cinématographique d’Elvis (un monsieur qui a aussi repris des chansons des Beatles!) et de rendre hommage à ceux qui ont adapté les chansons en français. Qu’on pense seulement à Johnny Farago. «Qu’on aime ou pas le répertoire d’Elvis, c’est vraiment un beau spectacle» , assure Guylaine Tanguay qui invite les gens à venir passer du bon temps, tout simplement. «On y a mis tout notre cœur. Ça change les idées. Ça fait du bien» , dit-elle.
Le spectacle 3764 Elvis Presley Blvd sera présenté au Théâtre Lionel-Groulx, le jeudi 14 mars. Pour information et billetterie: [http://odyscene.com].
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