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Héritières, Quand le féminisme se transmet de multiples voix

Photo Lucile Parry Canet –

Vingt interprètes féminines se partageront la scène avec le spectacle Héritières sous la direction musicale de Karine Pion au Théâtre Lionel-Groulx le samedi 8 mars.

Héritières, Quand le féminisme se transmet de multiples voix

Publié le 05/03/2025

C’est par un heureux hasard que la première du spectacle Héritières, rassemblant 20 interprètes féminines d’âges et d’origines différentes, sous la direction de Karine Pion, soit au Théâtre Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse le samedi 8 mars 2025, la journée internationale des droits des femmes.

Des interprètes telles que Kim Richardson, Coral Egen, Karen Young et Soleil Launière partageront leur voix, entourées d’une équipe technique toute féminine.

Héritières est un projet né en pandémie. Ça faisait longtemps que Karine avait le goût de diriger un projet de son cru, sans nécessairement être l’artiste mise de l’avant, alors qu’elle était la choriste principale de Belle et Bum et percussionniste du groupe rock Galaxie depuis 2011.

La genèse du projet

Son intérêt pour les ensembles vocaux et particulièrement les voix féminines et ses études supérieures en psychologie l’ont amené à regarder ce qui se passe en nous qui vient des autres générations. Elle souhaitait plein de femmes, plein de voix, avec une équipe de rêve imaginée sur son divan, confinée comme le reste de la province il y a maintenant 5 ans. Chacune des collaboratrices souhaitées ont répondu « Oui! »

Du projet musical s’est rapidement ajouté une dimension visuelle par le désir interdisciplinaire d’approfondir la démarche presque thérapeutique qu’a représenté la construction de l’œuvre. « C’est une énergie qui se reçoit, ce n’est pas lourd, c’est très lumineux », décrit la directrice musicale du projet Karine Pion.

C’est une version plus contemporaine du féminisme qui est mise de l’avant dans ce projet. « On n’est pas obligé d’avoir un féminisme fâché pour revendiquer notre droit d’exister ». Elle comprend la réalité de sa grand-mère qui n’avait de valeur que sous un homme. Et elle reconnaît la violence, « mais la violence, tout le monde en a hérité! » raisonne-t-elle.  

De la musique à la scène

Ce sont les thèmes qui ont donné naissance aux chansons de l’album, en commençant par le questionnement initial à propos de ce que nous portons en nous, ce qui nous appartient et ce dont on hérite des générations qui nous ont précédé. Et ensuite, elle se questionne sur ce que ça veut dire d’accueillir les mémoires qui nous habitent. C’est un projet qui pose l’utopie de la rupture dans le cycle de cette violence, comme « si on pouvait briser la chaîne ».

Karine Pion étudie actuellement au doctorat en psychologie, ce qui ralentira nécessairement sa production musicale à partir de septembre. Elle partage que le projet fait écho à c’est ce qui se passe en thérapie : « Entrer dans le trauma, c’est de donner une place à ces voix-là qui n’ont pas été entendues. » Et en comprenant, en acceptant, en reconnaissant ce dont on hérite, il est possible ensuite de le transcender.

Il y a également une temporalité au concept d’héritage, les jeunes ont reçus alors que les plus âgées donnent et donneront, c’est pourquoi Karine voulait avoir des jeunes et des moins jeunes sur le spectacle. « Je ne voulais pas une Karen Young de 40 ans, je voulais la femme qu’elle est aujourd’hui, avec tout le bagage qu’elle porte. Mais j’ai aussi une jeune de 16 ans, c’est la force de ce spectacle-là », résume Karine Pion.

De la musique à l’image

Même si le film a été projeté au lancement de l’album en octobre, les négociations pour une sortie en salle sont encore en cours. On pourra espérer le voir en automne 2025 selon l’initiatrice du projet. D’ailleurs, la mise en scène d’Émilie Laforest, sans projeter le film, présentera des images qui sauront émouvoir les spectateurs entre les pièces.

« C’était quand même couteux en énergie, mais ça valait la peine », avoue la musicienne qui prendra quelques temps avant de revenir à la création d’un projet de cette envergure. La musique ne s’arrêtera pas là pour elle, Galaxie est encore en tournée. Ils étaient d’ailleurs de passage il y a quelques semaines au Cabaret BMO. Et pour terminer sur une note toute indiquée, ce qu’elle dirait à une petite Karine qui la regarde aller : « Vas au bout de ton idée, même si elle est bizarre! » Alors que la tendance en culture est à la réduction des effectifs pour tirer son épingle du jeu, Héritières saura émouvoir par l’addition des talents et par des musiques parfois douces, parfois plus tribales, mais toujours maternelles et lumineuses.