« Ça devrait être fait plus souvent », constate Linda Hamel, enseignante à l’école du Trait-d’Union, après que les élèves de sa classe de préscolaire aient eu la chance d’assister à l’exposition Reflets de sentiments du peintre Clément Gravel, à la Maison Lachaîne de Sainte-Thérèse. Nicole Gravel, fille de l’artiste et organisatrice de l’exposition, a su consolider leur visite en animant ensuite une activité de création.
L’idée de faire un tour à la galerie avait été proposée par la direction du Trait-d’Union, l’école n’étant située qu’à quelques dizaines de mètres de la Maison Lachaîne.
« Sur le coup, j’étais un peu septique, reconnait Linda Hamel. Mais en même temps, j’aime les expériences, donc je me suis dit : ‘’bon, je me lance‘’. »
Ils ont donc traversé la rue pour aboutir dans la salle d’exposition, où les élèves ont été happés par l’univers qui s’offrait à eux.
« Ça a été fulgurant, ça a été surprenant, relate l’enseignante. Je n’aurais jamais pu imaginer que des enfants de cinq ans avaient cette sensibilité-là. Ils étaient complètement dedans. »
Le processus dans toutes ses phases
En guise de préparation, Linda Hamel avait fait visionner à sa classe une vidéo sur Clément Gravel – alias Papy –, cet artiste tout à fait particulier qui s’est mis à peindre il y a huit ans, alors qu’il était âgé de 92 ans. Il a alors trouvé dans l’art un moyen de surmonter le deuil de sa femme, qui lui avait donné une trousse de pinceaux et de tubes d’acrylique lorsqu’elle était malade.
« Ça [les] a beaucoup ému, parce que c’est vraiment une belle histoire, explique Linda Hamel à propos des enfants. Ils m’ont demandé, à plusieurs reprises, de l’écouter. »
Comme son titre l’indique, Reflets de sentiments est chargée des émotions de Papy, qui ont rejoint directement les enfants qui voyaient en l’artiste un grand-père, selon Linda Hamel. Guidant la visite, Nicole Gravel les a fait s’asseoir sous les toiles qui les inspiraient et les a amenés à mettre des mots sur ce qu’ils observaient.
« Il y en a un qui est revenu avec sa mère, la fin de semaine, pour lui faire visiter l’exposition, raconte Nicole Gravel. Puis, il est revenu plus tard, avec son père, et c’est lui qui commentait les toiles. »
Cette fois dans la classe du Trait-d’Union, la fille de Papy a enchainé avec un atelier pictural pour le groupe d’enfants. Après s’être adonnés à une séance de méditation, tous devaient exprimer par la peinture leur plus beau moment à la maternelle ainsi que l’émotion qu’il portait.
« C’était magique, s’émerveille Linda Hamel. C’était vraiment un beau moment, tout en silence, tout en douceur. »
Selon le conseil de Nicole Gravel, l’enseignante a conclu l’expérience en disposant les œuvres sur un mur avec l’aide des élèves, donnant lieu à casse-tête collectif pour agencer les couleurs et les formes.
L’art sans barrières
« À n’importe quel âge, on peut découvrir des choses à l’intérieur de nous », exprime Linda Hamel.
Cette affirmation vaut pour un homme presque centenaire tout autant que pour des élèves du préscolaire ; selon l’enseignante, l’art est thérapeutique et bénéficie à chacun. Même si une galerie n’est pas un lieu qui leur est habituellement destiné, Linda Hamel croit que les enfants de bas âge gagnent à y être amenés et qu’une telle pratique qui « ramène à l’essentiel » devrait être explorée davantage.
« Je ne m’attendais vraiment pas à ce que ça fasse autant de merveilles », souligne-t-elle.
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