Diplômé de l’École nationale de l’Humour en 2007, il est passé d’un gala, d’un bar et d’une émission de télé à l’autre (il a aussi choisi de participer activement à l’éducation de ses deux enfants) avant de se lancer résolument dans l’écriture de cet opus appelé Le chaînon manquant, un titre qui réfère tout d’abord à ce clown intérieur que l’on doit s’efforcer de trouver lorsqu’on étudie en humour, et qui, dans son cas, revêtait des allures d’homme des cavernes. De longs bras, des cheveux idoines, une barbe hirsute et une allure dégingandée sont autant d’éléments qui auront contribué à façonner cette image qui lui colle désormais à la peau.
Humour «grand public»
«Je crois aussi que le genre d’humour que je fais ne ressemble à rien d’autre au Québec. Je suis un raconteur d’anecdotes, un bon chum qui fait des jokes dans le salon. Toi, t’as ri, t’as rien vu aller et, une fois que tu te retrouves tout seul dans ton auto, tu te mets à réfléchir» , exprime celui qui se définit par ailleurs comme une sorte d’humoriste universel qui ne penche ni à gauche ni à droite, mais plutôt vers le «grand public» . Tout le monde, dit-il, peut comprendre ses blagues, sans se sentir jugé, sans avoir l’impression de se faire faire la morale. «Ça suscite de gros rires gras qui viennent du ventre tout en maintenant le cerveau éveillé» , résume-t-il, ajoutant qu’on lui a dit, jusqu’ici, que son spectacle est à la fois drôle et rafraîchissant, ce qui a l’heur de lui plaire.
Dans ce premier solo constitué essentiellement de matériel tout neuf (à 75 %), Mathieu Cyr parle de lui et de la vie qu’il mène, c’est-à-dire celle de quelqu’un qui a reçu un diagnostic de TDAH… et de douance, un homme qui a choisi de faire l’école à la maison à ses enfants, sous un toit qu’il partage avec une autre famille. Déjà, on est à quelque distance de monsieur et madame Tout-le-Monde.
Sa manière de livrer l’humour, cependant, est tout à fait dans les normes, c’est-à-dire qu’elle s’inspire directement de la tradition américaine, d’un canevas éprouvé qui contient, en séquence, ces trois éléments fondamentaux: la tête, le cœur, le cul.
«C’est un secret d’humoriste que je vous livre là, dit-il. Ça s’inspire de la vie, en fait. Dans un party, les gens vont toujours commencer en parlant de la job. Puis, ils iront vers des choses plus personnelles. En bout de ligne, ça finit toujours de la même façon: on se conte des jokes de mon oncle en se lançant des boules de Noël.»
La musique des mots
Pour peu qu’on s’attarde à la rhétorique de l’artiste, on observera que Mathieu Cyr propose un humour qui s’assoit sur la complexité du langage, sur le sens des mots autant que sur la sonorité de ceux-ci. On a même parfois l’impression d’entendre un musicien qui exécute un solo en s’amusant avec cette matière qu’on peut accentuer ici et là, dont on peut varier le rythme à souhait.
Mathieu Cyr accepte la proposition. «Mon père a été journaliste et prof de français. Il m’a transmis la passion des mots. En plus, il est musicien. Mes deux parents écoutaient toujours de la musique à la maison» , raconte celui qui, en tant que grand consommateur de la chose, dit effectivement rechercher cette musicalité dans ses numéros. «Je veux que mon spectacle soit comme un show rock, dit-il. Je souhaite que ce soit aussi intéressant à l’oreille que visuellement.»
Sur ce dernier aspect, Mathieu Cyr indique que, tout standup qu’il soit, son spectacle dispose d’un véritable décor où trône le singe de plastique, celui dont les enfants s’appliquent à faire des chaînes, un environnement davantage élaboré que le traditionnel micro-tabouret-verre d’eau. Le metteur en scène Luc Senay l’a par ailleurs aidé à organiser et à solidifier tout ça, à en faire un tout cohérent tout en respectant la personnalité de l’humoriste. «C’est un vieux de la vieille qui est loin d’être usé» , dit-il à son endroit.
Tout perfectionniste qu’il soit, Mathieu Cyr se dit très content de ce que son spectacle est devenu depuis le début de la tournée, en janvier, et il a bien hâte de vous montrer de quel bois il se chauffe. «Je ne suis pas la saveur du mois. Je suis plutôt un vieux nouveau, décrit-il. On ne t’attend pas de la même façon, dans ce temps-là. Tu as intérêt à livrer.»
C’est bien ce qu’il compte faire, le samedi 20 avril, au Centre d’art La petite église, à Saint-Eustache. Pour information et billetterie: [http://www.lapetiteeglise.com].
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Mathieu Cyr