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Avec Carnaval, Alexandre Lavigne propose une ode à la vie et à l’amitié. (Photo Claude Desjardins)

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Julie Leclerc, Gabriel Szabo et Molly dans une scène de Carnaval. Le traitement VHS amène un élément de nostalgie.

Carnaval: la (vraie) vie continue

Publié le 17/02/2019

La vie est une aventure formidable, suggère Alexandre Lavigne, une citation empruntée à son père et qui apparaît en sous-titre de Carnaval, premier long métrage du jeune cinéaste, qui sera projeté dans le cadre de la 37e édition des Rendez-Vous Québec Cinéma (RVQC), à Montréal.

Diplômé en interprétation de l’École de théâtre professionnel du collège Lionel-Groulx, en 2013, Alexandre Lavigne fait donc son entrée dans l’univers du 7e art en proposant un film d’une belle sensibilité, qui emprunte le parcours de Julie (Julie Leclerc) à chacune des étapes du deuil qu’elle doit vivre après avoir brutalement perdu ses deux parents dans un accident de voiture.

La vraie vie

Rien de pleurnichard, dans ce film, tout se fait en douceur, Julie apprivoise lentement ce nouveau chapitre de son existence en traversant les moments ordinaires de la vie ordinaire, entourée de sa grand-mère, de ses deux tantes et de son nouveau voisin, Gabriel (Gabriel Szabo), avec qui elle nouera une amitié vraie et sincère. Bien entourée, certes, mais tout de même seule, en compagnie de tous ces gens qui ne lui parlent que très rarement de la chose, chaque fois avec un malaise évident.

«Je suis terrifié par la mort. Aucun de mes proches n’est encore décédé. Par contre, j’ai des amis qui ont vécu ça et je me suis toujours demandé comment ils faisaient pour avancer après un choc pareil, pour continuer sans tomber dans la déprime. Ça m’angoisse» , révèle Alexandre, qui trouve un apaisement dans la matière même de son film qui nous fait voir que le deuil n’est pas qu’un long chemin de cris et de pleurs. Il arrive qu’on soit joyeux et tout bonnement heureux dans le processus. Le deuil amène aussi son lot de questionnements sur la vie après la vie, sur l’âme humaine, en fait, ce genre de chose immatérielle et profondément mystérieuse qui occupe les pensées de bon nombre de bipèdes et qu’on aborde aussi dans le film, chacun à sa façon. Chose certaine, la vie continue et elle demeure une aventure formidable.

Une œuvre naturaliste

Le traitement privilégié par l’artiste, d’ailleurs (caméra à l’épaule, cadrages nerveux, scènes filmées en temps réel avec des comédiens qui improvisent, arrêts sur image, traitement VHS), en fait ce qu’on appelle communément un «film de festival» , mais pas du tout un truc froid et cérébral, soit dit en passant. «Le fait de tourner en temps réel permet aux comédiens d’avoir plus de liberté, de prendre le temps de véritablement s’installer dans la scène» , de dire Alexandre qui décrit son film comme une œuvre naturaliste, «proche du monde» en raison des thèmes qui y sont abordés (la vraie vie, quoi), de la langue, jusqu’au lieu où l’action se déroule (Carnaval a été tourné entièrement à Sainte-Anne-des-Plaines, là où réside une bonne partie de la famille du cinéaste, qui a grandi à Sainte-Thérèse et Blainville).

Le traitement VHS suggère par ailleurs qu’on observe Julie comme si elle apparaissait dans un document-souvenir, toute l’action du film se déroulant en 1996, une période importante dans la vie du cinéaste de 29 ans. «Je suis né en 1989, donc les années 1990 représentent mon enfance. Tout ce que j’ai fait, dans mon enfance, a été filmé sur VHS et j’ai encore tout ça. Je suis un nostalgique» , exprime celui qui souhaitait que son film baigne dans cette esthétique particulière.

Comme toute production indépendante digne de ce nom, le film s’est tourné avec un budget de misère et c’est Alexandre Lavigne qui fait à peu près tout (scénario, montage, direction artistique, script, coiffures, costumes, maquillages, conception sonore), sauf y tenir un rôle ou une caméra, une possibilité qui s’était révélée à lui alors qu’il tournait, comme comédien, dans un film indépendant, avec une toute petite équipe, lui qui avait été habitué jusque-là à des productions jouissant d’un véritable financement. «Je me suis dit: moi aussi, je veux faire ça» , raconte celui qui est passé de la parole aux actes et qui verra le résultat de son travail projeté sur grand écran à la Cinémathèque québécoise, le jeudi 28 février, à 19 h 15, en première mondiale (oui, madame!). «Il y aura un 5 à 7 festif avant la projection» , annonce le cinéaste.

Pour tout savoir sur les RVQC, visitez le [http://rendez-vous.quebeccinema.ca].

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