En arpentant la galerie d’art, Martine revisite ses tableaux : « Celui-là s’intitule Spaceship, parce que c’est la couleur qui occupe tout l’espace. J’écoutais beaucoup de David Bowie quand je l’ai peint. » Ses œuvres sont pleines de vie, des explosions de couleurs qui évoquent la liberté et l’espoir.
Pour l’artiste, il n’y a jamais eu d’hésitation quant à la forme d’art qu’elle souhaitait s’approprier. « En 2000, j’étais à Toronto pour un contrat musical, et un jour, j’ai décidé de visiter des galeries d’art. C’est là que je suis tombée en amour avec des artistes comme Rothko et Joan Mitchell. Ce fut un coup de foudre ».
L’art abstrait permet à Martine de s’exprimer sans filtre, avec une liberté que peu d’autres formes artistiques offrent. Même s’il est possible de tracer certains parallèles entre le chant et la peinture, notamment au niveau de l’apprentissage et de l’assimilation des techniques, Martine admet que la peinture offre une solitude créative, loin du monde structuré de la musique. « Quand je suis dans mon atelier, c’est juste moi et mes couleurs. Personne pour me dire quoi faire. C’est très libérateur ».
La liberté à chaque coup de pinceau
La liberté se trouve aussi dans les mouvements, dans sa façon de s’installer au sol pour peindre, explorer différents objets pour travailler son médium, une liberté telle, que souvent raconte-t-elle, c’est le tableau qui se révèle par lui-même. Ce fut notamment le cas pour le Cheval de Course : toile majestueuse qui occupe une place toute particulière dans son « écurie » de tableaux. « Je vois des formes arriver. Ça a été le cas du cheval. J’ai vu la forme du cheval se présenter. J’ai dit, ah mon Dieu, c’est un cheval de course. En pensant au cheval de course, c’est là que j’ai pensé à Schumacher ».
Quelque chose de majeur s’est produit avec le Cheval de Course raconte-t-elle : « J’ai eu la chance d’avoir son mécano, premier mécano, qui voulait vraiment le voir en personne. Il est venu ici et ça m’a vraiment, vraiment touchée. C’était une rencontre extraordinaire parce qu’on se dit, mon Dieu, ce sont des pilotes de course, ils aiment les voitures, mais il connaissait l’art sous toutes ses coutures. On a parlé de tous les peintres, de Richter à Warhol. C’était une conversation incroyable. »
Pourquoi maintenant?
« Il fallait que je me sente prête. À travers mon équipe, ces derniers mois, on s’est dit “Coudonc, t’as presque 100 œuvres, ça serait peut-être le temps de faire une exposition.” Et je regardais les œuvres de 2000, de 2010, les débuts et je me disais “Ah, il y a un beau parcours à présenter au public.” »
C’est ainsi qu’elle a accepté de ranger brièvement les pinceaux, pour prendre le temps de partager son parcours et ses œuvres. Un saut dans le vide pour la célèbre chanteuse : « En musique, il y a une dizaine de personnes qui naviguent autour. Le compositeur, le preneur de son, le créateur, le musicien. Et moi, quand j’arrive dans ma salle, dans mon atelier, il n’y a personne. Les portes sont fermées. Il n’y a personne pour me dire, “Martine, pourquoi tu mets trop de rouge, de doré ?” Alors, je suis toute seule face à mes choix, à moi-même. Et c’est ce que j’apprends d’ailleurs beaucoup, beaucoup sur moi, à me faire confiance et à suivre mon instinct. »
Martine St-Clair était prête pour cette étape, et elle avait ceci à dire à la Martine de 2000 qui prenait les pinceaux pour la première fois, avec toute la douceur qu’on lui connait : « Chère Martine, tu t’es faites confiance. Tu as le droit de vivre ça aujourd’hui. Vis-le jusqu’au bout ».
MOTS-CLÉS
Sainte-Thérèse
L'Espace art et culture
Martine St-Clair