« Je suis mort, dit-il, zéro excitation. Tout le monde me dit que c’est génial, l’Italie, mais là, je suis dans le jus », rigole-t-il.
Depuis deux ans, il prépare Epilogue, son plus gros projet à ce jour. Un film familial tourné en Toscane, premier avec un vrai budget — cent mille euros — et une équipe enfin payée. Pour lui, c’est comme toucher aux étoiles.
Payant n’a jamais attendu qu’on l’autorise à tourner. Depuis vingt-cinq ans, il fabrique ses films de A à Z : repérage, tournage, direction, montage, diffusion. « Je n’ai pas d’équipe. Je fais tout moi-même. C’est demandant, mais si tu sais quoi faire, t’es capable. » Il aime cette liberté, ce cinéma brut, tourné dehors : un cinéma vrai.
Il a filmé en Islande, en Allemagne, en France, et maintenant en Italie. Il choisit ses destinations pour se dépasser. « Je ne prends pas de vacances, dit-il. Travailler, c’est mes vacances. »
Pascal Payant est la preuve qu’on peut créer sans attendre. Ses débuts se sont faits dans un sous-sol, avec un ami et une caméra modeste. « C’est comme un muscle. Tu fais des petits films poches, tu te plantes, tu recommences. »
Son premier long-métrage, On the Horizon, tourné en Utah et en France, lui a appris l’humilité. « Des critiques disaient génial, d’autres disaient merde. Il faut apprendre à t’en foutre. » Aujourd’hui, il en est à son onzième long-métrage.
Son credo : ne pas attendre
« Tu veux faire un film ? Fais-le. T’as une idée ? Shoote-la. La technologie n’est plus une excuse. »
Pour lui, la caméra est un prolongement de la volonté. Et chaque film, une démonstration de ce qu’on peut accomplir quand on s’y met pour vrai.
« Je veux inspirer les gens. Si t’as la passion et la drive, tu peux tout faire. »
Mais cette détermination a un prix. Les tournages à l’étranger, l’épuisement, la solitude. « Je n’ai pas de vie, pas d’enfant. Je fais juste ça. » Pourtant, il y trouve une forme de paix : celle de dire « Cut! » à la dernière scène, après deux ans de travail. « C’est comme une célébration qui s’éteint d’un coup. T’as accompli quelque chose que peu de gens font. »
Epilogue marquera peut-être une transition. Un film plus lumineux, moins lourd que les précédents, même s’il touche à des thèmes sensibles — une fille de Los Angeles qui rencontre en Italie son père, acteur déchu par un scandale MeToo. « C’est mon film le plus léger, mon family drama. »
Et déjà, il parle du prochain, qu’il veut tourner chez lui, à Sainte-Thérèse. Un film hommage aux années 90, les pirates informatiques, la nostalgie d’une époque où tout semblait possible. « Ce sera mon 13e. Mon plus personnel. »
Chez Pascal Payant, le cinéma n’est pas une industrie, c’est une nécessité. Une manière de prouver que tout est possible, avec un peu de culot, beaucoup d’endurance, et cette obsession tranquille de recommencer encore.
« La misère d’un film, c’est temporaire. Mais le film, lui, vit pour toujours. »
MOTS-CLÉS
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Épilogue