Dans 1:54, en utilisant la course à pied de niveau compétitif et l’homosexualité comme principales trames de fond, le réalisateur et scénariste Yan England démontre, et ce, sans aucune équivoque ou censure, les conséquences désastreuses que peuvent engendrer, chez les adolescents particulièrement, les comportements d’intimidation manifestés à leur égard, en milieu scolaire.
«Avant l’arrivée des réseaux sociaux, l’intimidation cessait une fois de retour à la maison, mais aujourd’hui, c’est 24 heures sur 24 que ça se passe!», a commenté Antoine Olivier Pilon (Tim) qui joue le rôle de «l’intimidé» dans ce film que l’on pourrait qualifier de drame sportif.
Celui qui lui donne la réplique, son intimidateur, Lou-Pascal Tremblay (Jeff), est conscient de la portée du message que souhaitait transmettre Yan England en écrivant le scénario de 1:54. Pour lui, il ne fait pas de doutes qu’à l’adolescence, surtout, on ne se rend pas toujours compte des impacts négatifs que peuvent engendrer les gestes que nous posons.
«De mon côté, a-t-il raconté, j’étais celui qui lançait des effaces sur les autres au secondaire, sans le faire avec malice ou pour rabaisser, mais uniquement pour faire rire. Cette phrase-là, «pour faire rire», les intervenants l’entendent à tous les jours. Il faut donc sensibiliser les gens au fait que ces paroles blessantes ou ces gestes, même si ce ne sont que des blagues, ont des conséquences.»
Sophie Nélisse (Jennifer) est une amie proche des deux protagonistes dans le film. Elle tente par tous les moyens de désamorcer une situation qui ne cesse de s’envenimer. C’est d’ailleurs en ce sens qu’elle envoie un message aux jeunes de sa génération.
«Il faut agir lorsque nous sommes témoins de telles situations d’intimidation, même les plus banales. On ne sait jamais ce que vit la personne intimidée», a-t-elle insisté.
Yan England, un réalisateur apprécié
Nommé à la cérémonie des Oscar de 2013 pour son court-métrage Henry, Yan England en était à la réalisation de son premier long-métrage avec 1:54. Qu’ont pensé de lui des acteurs de la trempe d’Antoine Olivier Pilon, dirigé par Xavier Dolan dans Mommy, et de Sophie Nélisse, qui a campé un premier rôle dans Monsieur Lazhar, réalisé par le cinéaste Philippe Falardeau?
«C’est un homme de cœur, a dit Antoine Olivier Pilon. Yan, je l’aime d’amour. C’est quelqu’un d’authentique, de terre à terre et de passionné. Il a dans l’œil ces étincelles-là et ne les perd jamais.»
«Yan sait quoi faire pour garder son équipe unie, a renchéri Sophie Nélisse. Il garde le sourire dans des situations critiques et est toujours optimiste.»
«Ce qui est plaisant pour des comédiens lorsque l’on travaille avec Yan, d’ajouter Lou-Pascal Tremblay, c’est qu’il est aussi acteur, ce qui facilite les choses, lorsqu’il nous donne des directives par exemple. Il a le don de les simplifier et de les mettre dans nos mots à nous pour que ce soit plus facile à interpréter.»
Le drame 1:54 n’était pas encore à l’affiche sur les écrans de cinéma du Québec que déjà il avait remporté certains prix dans des festivals de films de renom, dont celui d’Angoulème en France. Toutefois, comme l’a mentionné Antoine Olivier Pilon: les prix, c’est bien, mais il y a plus.
«Avant de penser recevoir des prix, a-t-il conclu , le but premier de ce film est de sensibiliser les gens et de diminuer l’intimidation dans les écoles secondaires.»
1:54 sera à l’affiche dès ce week-end dans un cinéma près de chez vous. Ses producteurs ont également annoncé qu’il serait diffusé en France en 2017.