C’était vendredi dernier, à l’église Sacré-Cœur, dans la petite salle cabaret qui se prêtait parfaitement aux quelques élucubrations de cet ex‑enfant de chœur, athée et jamais baptisé, et qui a pour héritage spirituel de son grand-père la prière Ton cochon se couche.
Dans la chanson intitulée Race de monde, l’auteur y va de rimes assassines telles: T’es ben la seule race, qui me pollue la vue / qu’est-ce que t’as dans face, un coup de pied dans l’cul. Ou encore: Tu veux que j’fasse comme toé, que j’rentre dans parade / mange donc un char allégorique de marde. Et la musique comme le débit ont quelque chose de convaincant.
Mais le comédien se fait par ailleurs propre, poli et ponctuel dans une amusante critique de l’homme viril et peu expressif vis-à-vis ledit quidam propre, toujours poli et jamais en retard, mais qui n’existe aucunement dans les envies de la dompteuse de mâle.
Les textes en métaphores filées débutent parfois en monologue et le comédien s’ajoute alors pour nous confirmer l’aspect théâtral du spectacle. C’est très verbeux, avec des pages et des pages de texte, mais on ne s’en lasse jamais.
Richard Desjardins nous avait amené des chansons fleuves et Émile Proulx-Cloutier navigue dans les mêmes eaux, mais avec ses propres thèmes, son humour et au final une représentation très singulière, signée et vraiment bien amenée.
Auteur, compositeur et interprète, conteur et comédien, scripteur d’humour, mais surtout poète, c’est l’alchimie des ingrédients bien dosés qui ravit le spectateur. La francophonie accueillera avec joie une telle proposition artistique et il faut souligner que la remarquable qualité de diction du chanteur rend les textes parfaitement audibles.
Vous aurez compris au descriptif qu’il ne s’agit pas de format radio, mais tout de même de chansons que l’on prendra plaisir à réécouter sur disque et encore plus à voir sur scène, afin de goûter pleinement tous les talents de ce jeune homme à la génétique artistique exceptionnelle.
Blues et Bigras, les 24 et 25 octobre
La petite salle de type cabaret, sise à l’angle de la rue Blainville et de la route 117, recevra la visite d’Anthony Gomes, le 24 octobre, un bluesman qui s’avère excellent chanteur, mais surtout un guitariste inspiré. C’est du blues traditionnel et très électrique qui plaira aux amateurs des Clapton, Hendrix et Stevie Ray Vaughan, qui comptent parmi ses influences.
Dan Bigras suivra dès le lendemain, 25 octobre, dans la petite église, et vous n’avez qu’à passer via le site Odyscène pour réserver. Au téléphone, c’est le 450-434-4006. Son dernier album s’intitule Le sans visage et l’artiste comédien et chanteur n’est plus à présenter.