Puis, il s’est assis au piano et pendant deux heures durant, sans retenue ni fausse pudeur, il a raconté, en mots et en musique, l’histoire de Pierrette Suzanne St‑Martin. Sa mère. Une géante dans sa vie. «Si je suis amoureux de la vie et de la musique aujourd’hui, c’est grâce à elle. Parce que ma mère chantait toujours», a‑t‑il débuté. Encore aujourd’hui, privée de sa mémoire et de ses souvenirs, sa mère chante toujours.
Dans un spectacle qui avait tout d’un hommage, Gregory Charles a raconté des bribes de sa vie de petit garçon, qui a grandi près d’une mère exigeante et stricte, qui voyait partout et dans tout, une occasion d’apprendre, de tirer une leçon et d’enseigner à son fils.
Dans la salle, le public, attentif et respectueux, a reçu les chansons de Charles comme autant de petits moments de bonheur, fredonnant les mélodies avec douceur, sans jamais pousser la note comme pour ne pas briser la magie du moment.
C’est ainsi que se sont succédé les plus belles chansons de Diane Dufresne, Gilbert Bécaud, Petula Clarke, Gilles Vigneault, Georges Dor, Claude Dubois, Charles Trenet, Robert Charlebois, Charles Aznavour, Mireille Mathieu, Cindy Lauper, Édith Piaf, Jacques Brel, Joe Cocker, Roger Wittaker… Gregory Charles s’est arrêté au bout de deux heures. Il aurait pu continuer à l’infini.
Or, la beauté de ce spectacle, au‑delà de la chanson, se trouve aussi et surtout dans son artisan. Dans sa virtuosité et son immense sens de la musique. Un mot, une note, un accord. Sa mère a raison: tout mène à autre chose. En musique comme dans la vie.
Fils à maman assumé, drôle, vif et intelligent, Gregory Charles a charmé son auditoire. Et il a gagné son pari: en sortant du Théâtre Lionel-Groulx, tout le monde fredonnait Mon pays bleu.