Ayant captivé les spectateurs lors de projections à guichets fermés, l’expérience d’All Eyes On Me, représente parfaitement l’approche organique et minimaliste de Pascal.
Globe-trotter du septième art, Payant s’impose par son originalité et sa capacité à repousser les limites des productions à petit budget. « Je fais tout de A à Z : caméra, costumes, montage, musique. Au moins, je ne dépends de personne », explique-t-il. Cette liberté, qu’il revendique fièrement, vient toutefois avec un risque : « Si le film est plate, c’est de ma faute », confie-t-il candidement.
Un tournage en Islande sous le signe de l’adaptation
Tourné en seulement 10 jours avec un budget modeste de 6 000 $, All Eyes On Me n’a pas été sans défis. À quelques jours du début des prises de vue, Pascal a dû remplacer son actrice principale et adapter le scénario pour refléter cette nouvelle dynamique. « Mon actrice initiale était allemande, mais la nouvelle, polonaise, a complètement changé la dynamique. J’ai dû m’adapter rapidement, et finalement, ça a enrichi le film », raconte-t-il.
Malgré ces obstacles, la réception du film a été exceptionnelle. L’accueil au RIFF a même permis à Pascal de rencontrer la présidente de l’Islande, Halla Tómasdóttir, qui s’est intéressée à son travail et aux différences culturelles dans la narration cinématographique. « Je pensais que c’était un spam quand j’ai reçu l’invitation », plaisante-t-il.
Des récits universels et une approche instinctive
Pascal est un cinéaste qui privilégie l’instinct. « Tout ce que je trouve comme lieux, c’est sur Google Photos. Je choisis un spot, et quand on arrive, on improvise. S’il y a un problème, je m’adapte rapidement », explique-t-il. Cette méthode lui permet de tourner dans des conditions précaires tout en créant des œuvres visuellement saisissantes, s’appuyant presque exclusivement sur ce qu’il peut tirer de l’environnement : à commencer par l’éclairage naturel, cohérent avec l’absence d’équipe d’éclairage.
Ses films explorent souvent des relations humaines complexes et toxiques, des thèmes universels qu’il décline avec une sensibilité particulière. « Toutes mes histoires tournent autour de ça, que ce soit entre un frère et une sœur ou des partenaires amoureux. Ça fait du bon cinéma », souligne-t-il.
Nul n’est prophète en son pays
Ayant passé quelques années à Sainte-Thérèse, Pascal Payant nourrit le désir de voir son travail mieux reconnu dans sa propre province. « Ici, personne ne me connaît. Mais je crois qu’il y a une place pour des projets comme les miens, hors des sentiers battus », confie-t-il. Malgré son succès international, il espère que son art pourra un jour résonner davantage auprès du public québécois.
En attendant, Pascal continue de tracer sa route avec audace. Avec son approche audacieuse, son hyperactivité créative et sa capacité à transformer les contraintes en atouts, Pascal Payant a un message clair pour les créateurs en devenir : « Je crois que le meilleur apprentissage, c’est de prendre ta caméra et d’aller tourner. Attendre le financement ou l’approbation de grands studios, c’est comme jouer à la loterie […] N’attendez pas pour que l’argent ou les gens arrivent. T’as pas besoin d’avoir 48 personnes derrière toi avec un gros team. Lancez-vous. »
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