La quête de liberté cimente les propos de l’humoriste Peter MacLeod qui propose un 5e spectacle solo tout simplement intitulé Libre, un opus qu’il promène depuis un an et demi et qui fait manifestement courir les foules: 100 000 billets vendus, une centaine de représentations, sans compter que l’artiste vient de passer un autre cap vertigineux avec 800 000 billets vendus en carrière. On a vu pire.
«On n’a pas à se plaindre!» s’exclame le principal intéressé lors d’un entretien téléphonique, avant de remonter le fil du temps, jusqu’au moment où l’idée d’écrire sur un tel sujet lui est apparue, il y a un peu plus de deux ans, alors que l’individu MacLeod, qui avait notamment survécu à un accident d’avion (un sujet qu’il aborde dans son spectacle), réfléchissait sérieusement au sens à donner à sa vie.
«C’est une période où je travaillais sur moi-même, dit-il. J’avais l’impression de tourner en rond, de revenir toujours au même point. C’était comme le jour de la marmotte. J’étais pris là-dedans.» Tellement, en fait, que cette préoccupation s’est retrouvée au cœur de son travail d’auteur (avec la collaboration de Marc Gélinas et Louis-Philippe Rivard), un sujet sérieux qu’il est parvenu à transformer pour en extirper tout le potentiel humoristique.
«C’est un vaste sujet, la liberté, et c’est tellement relatif. On pourrait en parler longtemps, tellement qu’on finirait par manquer de vin, blague-t-il. En fait, ça se passe entre les deux oreilles. C’est facile d’être libre quand tout va bien dans ta vie. C’est quand il t’arrive des épreuves que tu vois si tu l’es vraiment, si tu es capable d’envisager des solutions.»
Un portrait de société
C’est en réfléchissant à tout ça qu’il s’est donc mis au travail, coiffant la page blanche d’un mot unique qui allait nommer sa démarche: libre. «Pour commencer à écrire, il me faut toujours un titre. Chacun de mes numéros a aussi le sien et ils ont tous un rapport avec le titre principal» , exprime celui qui présente l’ensemble comme un portrait de notre société. «C’est mon portrait à moi, mais après 100 représentations, les gens me confirment qu’ils se reconnaissent. Je ris de leurs travers, mais je ris des miens, aussi» , évoque celui qui aborde maints sujets tels les médias sociaux, le mensonge, les biens matériels, la religion, le sexe, l’argent, bref, tout ce qui peut favoriser la liberté… ou l’entraver.
Et la liberté d’expression, dans tout ça? Est-on davantage soumis à la censure, de nos jours, quand on est humoriste? «Tu remarqueras que ceux qui se font taper sur les doigts sont peut-être allés trop loin, pense-t-il. Tout repose sur la loi du gros bon sens. Certains se permettent des blagues qui provoquent un tourbillon médiatique qui leur amène de la visibilité. Personnellement, je ne me suis jamais servi de ça» , affirme-t-il. Et s’il lui est arrivé de faire de la peine à quelqu’un, il a eu le réflexe de s’excuser, dit-il à propos d’une blague sur une personnalité publique qu’il avait faite à l’émission Piment fort.
Il faut dire que l’humoriste a ce ton bien à lui, un langage assez cru, mais aussi ce petit rire bon enfant qui vient souvent désamorcer le malaise provoqué par certains gags.
Livrer le texte
Et la formule n’a guère changé. Libre a beau bénéficier de quelques babioles technologiques, des projections sur toile qu’il qualifie d’hallucinantes et qui nourrissent le propos, celui-ci ne requiert nul autre personnage que celui que l’on connaît tous. Tout réside donc, encore et toujours, dans le texte et la livraison du texte. Le désir de se déguiser ne lui est d’ailleurs jamais venu. «La société et la vie évoluent tellement vite que c’est facile de se renouveler» , affirme Peter MacLeod, convaincu qu’il pratique le plus beau métier du monde et qui invite le public à la salle du Zénith, à Saint-Eustache, les 15 et 16 décembre.
«Venez voir un gars qui a encore du fun à faire ce qu’il fait, dit-il le plus simplement du monde. Quand je vois les gens se lever et m’applaudir, à la fin du spectacle, je me dis que si j’ai pu leur faire oublier les tracas du quotidien pendant deux heures, c’est un bel échange. Je suis très privilégié.»
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