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Santa Teresa : partir le printemps en grand

Photo : content content -Portrait d’un succès renouvelé

Le Festival Santa Teresa ne s’essouffle pas

Santa Teresa : partir le printemps en grand

Publié le 15/05/2025

Du 9 au 11 mai, les rues de Sainte-Thérèse ont vibré au rythme de Santa Teresa, premier grand festival de la saison. Le Nord Info a tendu le micro à quatre artistes qui, chacun à leur façon, ont marqué cette édition.

Les Breastfeeders : 25 ans, zéro nostalgie

Il y a des groupes qui vieillissent. Et il y a les Breastfeeders.

Le 10 mai, sur la scène du Montecristo, le groupe montréalais a lancé une claque sonore à la foule de Santa Teresa. Pas pour rappeler le bon vieux temps. Pour montrer que leur énergie, leur cohésion et leur mur de son sont encore bien vivants — et bien bruyants.

« Si tu écoutes le premier et le dernier, c’est du Breastfeeders, avec une coche de plus », résume Luc Brien. Et il a raison. Malgré un creux de vague après 2012, marqué par le départ du guitariste original Sam Duval et une période d’instabilité, la machine n’a jamais complètement arrêté. Quelques shows par année, une présence sporadique… jusqu’à ce qu’en 2018, David Deïas s’ajoute à la bande. Le courant passe, et le groupe reprend du poil de la bête.

Depuis, deux EP, un clip qui roule, et un nouvel album lancé en novembre dernier. Enregistré live, avec une chimie retrouvée. Max Hébert à la batterie, Camille à la basse — tous deux injectent du sang neuf dans un son toujours aussi dense et organique.

« Moi, ce que je cherche sur scène, c’est une osmose avec le public. »

Mission accomplie à Santa Teresa. Dans la foule compacte du Monte-Cristo, tout le monde bougeait au même rythme. Pas un regard dans le rétroviseur, juste une décharge de rock garage, livrée sans filtre. Et une promesse :
« J’ai déjà d’autres tounes dans la tête. »

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P’tit Belliveau a envoûté la scène Loto-Québec avec son univers aussi libre qu’inattendu, porté par un style à la fois éclaté et profondément authentique.

P’tit Belliveau : Le son libre, les pieds dans le marais

À quelques heures de monter sur scène, la pluie menaçait de gâcher le coup d’envoi de Santa Teresa. Mais pour une frog bien enracinée dans la swamp, pas de quoi paniquer. P’tit Belliveau s’est pointé avec son accent, ses beats bricolés, et sa liberté pleine de bouette. Et c’est exactement ce qu’il fallait.

Le 9 mai, sur la grande scène Loto-Québec, il a livré un spectacle sans artifice, avec ce mélange d’absurde et de sincérité brute qui font son succès. Depuis le début, l’artiste acadien trace sa propre route : autodidacte, indépendant, allergique aux conventions.

« La musique, c’est pas un club privé. Si t’as une voix, pis un ordi, tu peux t’y mettre. »

Tout est là : l’ouverture, l’obsession, la générosité. Sur son dernier album, entièrement autoproduit, il pousse encore plus loin son univers. Des chansons drôles, d’autres plus étranges, parfois désarmantes — comme The Secret Life of Frogs, une fable surréaliste peuplée de grenouilles sorcières et de gobelins.

« Moi, j’fais pas de performance. J’viens juste livrer ce que j’ai de vrai. »

Et ça marche. Le public de Santa Teresa ne s’y est pas trompé. Dans la swamp imaginaire de P’tit Belliveau, tout le monde est le bienvenu.

Céréale Dauphin : Collège, collage, chaos contrôlé

Ils sont jeunes, ils viennent de Sainte-Thérèse, et ils ont trouvé leur voix entre deux locaux de piano du Collège Lionel-Groulx. Céréale Dauphin, c’est une rencontre entre cinq musiciens — Mathilde, Mathis, Adam, Laurent et Antoine — et une envie commune de coller leurs influences dans un tout qui leur ressemble.

« On aime les sons qui se contredisent un peu. Un riff groovy, un texte doux, une progression jazz weird… pis on colle tout ça ensemble. »

Après avoir remporté le concours open mic étudiant en 2023, ils se sont retrouvés, un an plus tard, sur la grande scène de Santa Teresa. Et le 11 mai, ils ont livré un set sans flafla, porté par une énergie brute et une cohésion rare.

Leur musique est en constante mutation. Funk, rock, soul, jazz… tout passe à travers le filtre de leur amitié. Ça groove, ça bouge, ça touche.

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Le jeune groupe thérésien Céréale Dauphin a séduit le public avec un groove inventif et une belle cohésion.

Laurence-Anne et les grandes folies

Tout est dans l’intention. Sur scène comme en entrevue, Laurence-Anne ne précipite rien. Sa voix est douce, sa démarche réfléchie. Et pour son troisième passage au festival Santa Teresa, elle est revenue avec une formule trio épurée mais chargée de sens.

« C’est une formule plus centrée sur l’énergie, la présence de chacun. On l’a développée pour mes tournées au Mexique. »

Cette présence, elle l’a déployée le 11 mai sur la scène extérieure, dans une soirée toute spéciale de la fête des Mères, partagée avec Lou-Adriane Cassidy et Ariane Moffatt. Et même si la mise en scène était plus sobre qu’à son spectacle mémorable avec sculptures de glace, l’univers onirique était toujours là.

« J’aime beaucoup jouer avec l’univers des rêves. C’est important de créer cette bulle-là à travers le visuel. »

Et dans cette bulle, plusieurs langues. Le français, bien sûr, mais aussi l’espagnol — qu’elle explore comme une autre voix, plus sensuelle, plus mystérieuse.

Laurence-Anne chante des émotions suspendues dans des non-lieux. Et à Santa Teresa, son imaginaire a, encore une fois, trouvé preneur.

Quatre regards, quatre énergies, quatre façons de vibrer dans le même décor. Santa Teresa, cette année encore, a permis ces croisements inattendus entre générations, genres et intentions. Pour prolonger le moment, les versions intégrales des entrevues sont disponibles sur notre site.

Et si le printemps est déjà lancé, la saison, elle, ne fait que commencer.