La toile en question représente un arbre au sommet duquel se trouve une petite cabane accessible par le biais d’un escalier en colimaçon. Elle a été mise en vente au coût de 900 $, un prix qui, malgré la dimension de l’œuvre, peut paraître élevé pour certains amateurs d’art, surtout pour acquérir l’œuvre d’une artiste dont les toiles ne sont toujours pas cotées.
«J’ai compté le prix du matériel et aussi le temps que j’ai pris pour faire cette toile qui est aussi vernie», se défend Julie dans son annonce sur Kijiji. Pour elle toutefois, ce n’est pas de vendre sa toile à tout prix qui l’anime, mais la visibilité qu’elle en retire.
«Ce matin, lorsque j’ai vérifié, déjà 640 personnes avaient consulté et vu ma toile sur Kijiji, a mentionné la jeune finissante. Cela m’a vraiment étonnée. Ce n’est pas grave si je ne la vends pas. Ma publication aura été un succès.»
Ce succès, elle l’a déjà obtenu auprès de son enseignant qui lui a octroyé la note de 97 % pour la réalisation de cette toile qui fut en outre exposée lors l’exposition des finissants au collège Lionel-Groulx où elle a suscité l’admiration des visiteurs. La page Facebook de Julie Dumont est facilement accessible via le moteur de recherche.
Pratique répandue
Nombreux, de nos jours, sont les artistes, confirmés ou émergents, qui privilégient le Web pour vendre leurs œuvres, et ce, qu’ils soient peintres, sculpteurs, dessinateurs, photographes ou autres.
Les galeries d’art en ligne pullulent sur Internet et l’on a qu’à taper «toiles» ou bien «sculptures» dans le moteur de recherche des sites de petites annonces les plus populaires pour constater l’engouement des artistes pour cette plate-forme. La plupart d’entre eux disposent par ailleurs de leur propre site Internet où ils et elles affichent et vendent leurs réalisations.
Ardent défenseur de l’art à l’échelle internationale, Sacha Barrette est un artiste-peintre professionnel accompli de la région qui compte des centaines d’expositions à son actif et dont les œuvres sont exposées dans les plus prestigieuses galeries d’art. Il s’emporte lorsqu’on lui parle du phénomène de la vente d’œuvres d’art en ligne.
«C’est un dégât!, lance-t-il d’emblée. C’est un gros problème mondial en ce moment. Trop de gens s’improvisent artistes.»
Il poursuit en affirmant que les propriétaires de certaines galeries d’art demandent maintenant aux artistes de leur fournir un document avec un sceau qui certifie qu’ils sont bel et bien professionnels.
«Il devient difficile de différencier le vrai du faux, dit Sacha. Des galeries d’art que l’on retrouve en ligne sont en fait aménagées dans des sous-sols de résidence. On ne sait plus qui est professionnel. Les propriétaires de galeries d’art s’arrachent les cheveux sur la tête. Elles [les galeries] sont d’ailleurs en train de tomber une après l’autre à cause de tout cela.»
S’il avait un conseil à donner aux artistes de talent, comme semble l’être Julie Dumont, ce serait de s’armer de patience.
«L’art, c’est long. Il faut y mettre du temps et être patient en suivant les différentes ramifications qui te mèneront éventuellement vers le succès. En affichant une œuvre en ligne, le danger est de se faire piquer son idée et se faire copier. Je ne le suggère pas.»