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Données révélatrices sur l’employabilité des anglophones

Photo Dany Baribeau –

Chad Walcott, directeur engagement et communication chez PERT, s’est chargé de l’animation de la soirée.

Données révélatrices sur l’employabilité des anglophones

Publié le 11/11/2024

Le 3 octobre, une soirée d’information s'est tenue à la Maison du citoyen de Saint-Eustache.

Organisée par 4 Korners en collaboration avec la Table ronde provinciale sur l’emploi (PERT), elle visait à partager des données issues du dernier recensement canadien de 2021, offrant un aperçu des défis d’intégration professionnelle pour les anglophones des Laurentides.

Des écarts de revenus qui persistent

Les données partagées mettent en lumière des disparités notables. Le taux de chômage des anglophones dans les Laurentides s’établit à 10,5 %, soit 3,7 points de plus que celui des francophones. En matière de revenus, l’écart se creuse également, avec un revenu médian inférieur de 5 000 $ pour les anglophones. Malgré un bilinguisme déclaré par près de 77,6 % de cette communauté, certains se disqualifient eux-mêmes en raison d’un langage spécialisé qu’ils ne maîtrisent pas suffisamment à leurs yeux pour être à l’aise dans leur milieu professionnel.

Un autre obstacle majeur est la barrière de la langue dans les premières étapes de l’intégration, où les nouveaux arrivants doivent naviguer dans la documentation et compléter des démarches administratives essentielles. La complexité du langage administratif en français décourage souvent les candidats anglophones, avant même qu’ils n’aient eu l’occasion de démontrer leurs compétences professionnelles.

Des données représentatives?

Bien que ces chiffres soient révélateurs, l’évolution rapide de la situation en matière d’immigration et de francisation au Québec laisse supposer que le portrait pourrait être encore plus complexe que ne le montrent les statistiques actuellement disponibles.

Face aux écarts persistants révélés par les statistiques, trois actions prioritaires ont émergé lors de la soirée pour favoriser l’intégration professionnelle des anglophones des Laurentides : renforcer l’accès à des formations en français adaptées aux besoins spécifiques des secteurs d’emploi, faciliter les démarches administratives pour les nouveaux arrivants, et développer un plan d’action régional en partenariat avec les employeurs et les institutions locales. Ces initiatives visent à réduire les barrières linguistiques, à encourager une meilleure adéquation entre compétences et besoins régionaux, et à renforcer l’inclusion des anglophones dans l’économie locale.

« Nos efforts doivent viser à outiller les anglophones pour qu’ils puissent non seulement tenir une conversation en français, mais aussi se sentir à l’aise dans des contextes professionnels complexes », a déclaré M. Bissonnet, qui a insisté sur l’importance d’intégrer les anglophones dans les secteurs en forte demande, comme le tourisme et les technologies, où le bilinguisme pourrait être une ressource précieuse.

Et pour Thérèse-de Blainville?

La soirée a également permis d’aborder les disparités propres à chaque MRC, notamment celle de Thérèse-de Blainville où la disparité salariale entre francophones et anglophones est la plus marquée des Laurentides. Le revenu médian des francophones s’élève à 40 400 $, tandis que celui des anglophones plafonne à 29 800 $, soit une différence de près de 26 %.

En plus de cet écart de revenus, les anglophones de Thérèse-de-Blainville représentent environ 40 % du total des chômeurs anglophones des Laurentides, ce qui est en partie lié à leur poids démographique, puisqu’ils constituent également le plus gros bassin anglophone de la région, avec 37 % de la population anglophone totale.

Cette situation met en évidence des obstacles persistants pour les anglophones dans l’accès à l’emploi et aux postes bien rémunérés, notamment dans les PME locales qui privilégient souvent des employés bilingues.

En somme, cet événement a permis de dresser un bilan clair : les anglophones des Laurentides, bien qu’intégrés culturellement, restent confrontés à des obstacles structurels qui freinent leur pleine participation économique. Les chiffres présentés, bien que basés sur des données de 2021, appellent à une réflexion collective et à des actions coordonnées pour répondre aux défis de cette communauté et renforcer l’économie régionale, surtout en contexte de pénurie de main-d’œuvre. Une mobilisation rapide des ressources locales et gouvernementales pourrait faire la différence pour l’intégration de cette communauté dans le marché du travail.

Présentation de PERT et 4 Korners

La Table ronde provinciale sur l’emploi (PERT) est une initiative à but non lucratif qui rassemble divers acteurs pour relever les défis d’employabilité des communautés anglophones du Québec. En mobilisant ses partenaires et en menant des recherches approfondies, PERT cherche à influencer les décideurs pour développer des solutions adaptées aux besoins de ces communautés.

Quant à 4 Korners, cet organisme communautaire des Laurentides œuvre pour favoriser l’accès aux services en santé, en éducation et en employabilité pour les anglophones de la région. Fort de son ancrage local, 4 Korners accompagne cette population en offrant des ressources et des programmes qui répondent aux besoins spécifiques de la communauté dans un environnement inclusif et sécurisé.