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Le budget fédéral vu par la députée Madeleine Chenette

Photo : Reine Côté –

La députée de Thérèse-De Blainville, Madeleine Chenette, dit continuer son porte-à-porte : « Il faut travailler sur le terrain pour rassurer les gens et expliquer nos projets et aller directement aux entreprises pour expliquer les opportunités. »

Le budget fédéral vu par la députée Madeleine Chenette

Publié le 20/11/2025

Malgré le déficit de 78 milliards de dollars dévoilé dans le budget du ministre Champagne, la députée fédérale de Thérèse-De Blainville, Madeleine Chenette, préfère se concentrer sur l’apport des mesures proposées pour accroître l’économie canadienne.

Dans un entretien accordé au Nord Info, Mme Chenette a expliqué en long et en large ce qu’elle considère comme de bons coups dans ce budget controversé, mais qui répond, selon elle, à une réelle vision du premier ministre Mark Carney.

D’entrée de jeu, la députée Chenette insiste : le Canada se trouve dans une période transitoire de son histoire. Ottawa doit dorénavant tenir compte de trois axes majeurs en parallèle dans toutes ses décisions : favoriser la croissance économique malgré la complexité géopolitique et s’adapter aux changements climatiques, tout en tenant compte de la présence des avancées technologiques avec l’IA.

« L’équipe est habituée de m’entendre dire : “là, il faut faire d’une pierre trois coups, parce qu’on n’a pas le temps de juste y aller un pas à la fois. Alors c’est ça qu’on réussit à faire au gouvernement du Canada” », souligne la députée, qui se dit fière de travailler avec un premier ministre et des ministres ayant cette vue d’ensemble.

N’empêche que de nombreux défis attendent l’équipe Carney, ce que ne nie pas Mme Chenette, à commencer par les coupures dans la fonction publique canadienne. « Je suis sensible au fait qu’on se doit d’optimiser notre gouvernement et d’améliorer ses façons de faire. Quand on parle de couper 40 000 emplois, c’est quand même important, mais c’est pour avoir un gouvernement qui offre de meilleurs services et qui s’améliore sur la manière de travailler ensemble. »

La députée de Thérèse-De Blainville, qui agit également à titre de secrétaire parlementaire au ministre de l’Identité et de la Culture canadienne (Steven Guilbeault) ainsi que secrétaire d’État aux sports pour la ministre Pascale St-Onge, démontre néanmoins de l’optimisme face au budget déposé le 3 novembre dernier par le ministre du Revenu national, François-Philippe Champagne.

Mme Chenette est convaincue que la région pourra profiter de la panoplie de programmes mis à la disposition autant des gens d’affaires que des organismes, mais surtout des investissements dans les trois secteurs privilégiés par le budget Champagne que sont les infrastructures, la Défense et le logement.

La manne militaire

Mme Chenette estime que bon nombre d’entreprises régionales pourraient tirer profit de l’importance qu’Ottawa accordera à l’industrie militaire. « Il faut penser à tout l’écosystème de la défense. Ce n’est pas juste des mitraillettes ou de gros tanks et des sous-marins. C’est d’avoir notre capacité de cyberprotection, tout ce qui est satellite, donc tout ce qui est en lien avec cela.

La députée est d’avis que les PME régionales devraient se préparer pour un bon « dual », parce qu’en plus de se positionner pour équiper les civils, celles-ci pourraient bénéficier d’un nouveau marché, celui du militaire, que l’on pense aux matériaux, aux équipements de bureau, aux vêtements, sans parler de différents types d’emplois comme celui d’ingénieur et pas seulement dans le secteur aérospatial. Et rapidement, pas dans dix ans.

Et la liste des différents fournisseurs d’approvisionnement peut s’allonger si l’on tient compte de la construction par exemple de pistes d’atterrissage pour avions encore absents dans certains secteurs du Grand Nord. Du côté des gros joueurs de la région, Bombardier, Bell Textron et L3Harris pourraient se retrouver fort occupé s’ils intègrent le secteur militaire dans leurs cahiers de commandes et se montrent suffisamment innovatrices, ce qui leur permettra de se positionner comme piliers en aérospatial.

La défense s’annonce donc comme un client potentiel pour divers types d’entreprises, ce qui pourrait se concrétiser par plus d’emplois dans la région. « Moi, j’en suis convaincue, si on en saisit l’opportunité. Mais si les entrepreneurs ne réalisent pas qu’ils peuvent contribuer à ce secteur-là, moi, ma job présentement, c’est de lancer le message », clame Mme Chenette.

Plus de logements abordables

Puis, il y a tout le volet logement, qui est ciblé par son gouvernement. Pour Mme Chenette, il est indéniable que l’actuelle crise du logement trouvera une solution avec le programme Maison Canada, qui permettra la construction de logements abordables.

En collaboration avec les administrations municipales, en tenant compte du transport collectif déployé, ce programme pourrait être une solution à l’actuelle crise du logement puisqu’il autorise le portefeuille de projets, soit la construction non limitée de logements multiples. Alors que la bureaucratie se limitait à autoriser un projet de 12 logements à la fois, la nouvelle réglementation se décloisonne pour en autoriser d’un seul coup la construction de plusieurs édifices en même temps, dans la mesure où les projets seront proposés à partir de modèles modulaires préautorisés, y compris leur prix, par la Société canadienne d’hypothèque et de logement.

 « Ces projets-là, ce ne sont que pour des logements abordables », insiste Mme Chenette. Et cette façon de faire changera complètement la donne, croit-elle puisqu’en construisant en plus grand nombre, chaque logement coûtera moins cher, en plus d’offrir une stabilité d’emploi à une main-d’œuvre locale.

Collaboration constructive  

Voilà une année qui s’annonce bien chargée pour la députée qui s’est déjà affairée sur le terrain avec des rencontres multisectorielles, s’adressant aux élus municipaux comme à la MRC et la Chambre de commerce et d’industrie Thérèse-De Blainville. Établir des alliances et trouver des façons de tirer profit de collaborations entre différents pouvoirs ne lui est d’ailleurs pas étranger, elle qui a représenté le Canada au sein de l’OCDE antérieurement. 

« Ma stratégie est de commencer à parler à tous ces organismes-là, qui ont une approche de réseau pour dire : “voici le budget, l’argent qu’on a”. Moi, je suis prête à m’investir pour travailler et aider les entreprises et les organismes et les villes à aller chercher le maximum dans le budget », assure Mme Chenette en avisant les parties concernées d’adresser rapidement leurs demandes aux programmes gouvernementaux, une fois le budget adopté.