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Survivre à la concurrence des jeux et des jouets en ligne

Photo tirée de la page Facebook du Faubourg Boisbriand –

La succursale Toys”R”Us de Boisbriand fermera ses portes dans les prochains mois. Il s’agit de l’une des 11 fermetures annoncées par l’entreprise au Québec depuis novembre dernier.

Survivre à la concurrence des jeux et des jouets en ligne

Publié le 11/07/2025

C’est la fin pour le magasin de jouets Toys « R » Us de Boisbriand. La succursale fermera définitivement dans les prochains mois, a annoncé l’entreprise le 2 juillet.

Il s’agit de la 11ᵉ fermeture d’une succursale Toys « R » Us au Québec en moins d’un an. L’industrie des jeux et des jouets vit-elle un moment difficile, ou est-ce seulement la chaîne Toys « R » Us ?

Les succursales de Boisbriand, de Terrebonne, d’Anjou et de Trois-Rivières cesseront leurs activités bientôt, a indiqué Toys « R » Us le 2 juillet dernier. Un total de 66 employés sont touchés par la fermeture de ces quatre magasins. La date officielle de la fermeture de la succursale de Boisbriand est inconnue pour l’instant.

Toys « R » Us a fermé 11 magasins au Québec depuis novembre 2024. Dans la foulée des fermetures, la compagnie a indiqué se trouver dans un contexte difficile de concurrence avec les détaillants de jouets en ligne.

La branche américaine de Toys « R » Us a déclaré faillite en 2017 et a été liquidée en 2018. La division canadienne de l’entreprise avait alors été rachetée et continuait d’opérer. Déjà en 2017, la hausse du commerce en ligne était présentée comme l’une des raisons principales des difficultés financières du grossiste de jeux et de jouets.

La concurrence en ligne

Pour les boutiques Maître des Jeux, à Saint-Eustache, et la Jouetterie, à Blainville, les affaires vont bien. Les ventes des deux boutiques spécialisées de jeux et de jouets ont diminué après une explosion durant la pandémie, mais tout demeure stable.

Selon Jean-François Meloche, propriétaire de la boutique Maître des jeux à Saint-Eustache, la concurrence avec les détaillants en ligne est grande seulement pour les jeux et les jouets grand public. « Quand on parle de produits comme Mattel et Hasbro, qui se trouvent à être partout, en grosse quantité, les prix sont durs à battre », affirme M. Meloche.

« Dans le domaine du jouet, Amazon n’est pas très compétitif. Les gens ne le savent pas, mais souvent, nos jouets sont moins chers que ceux d’Amazon », explique Marcelle Geoffroy, propriétaire de la Jouetterie.

Pour Marcelle Geoffroy, la compétition est plus difficile dans le domaine des jeux de société. Certains détaillants font uniquement de la vente en ligne. « Eux, ils peuvent se permettre de couper les prix, parce qu’ils n’ont pas de locaux à payer, ils n’ont pas d’employés à payer, ils n’ont pas grand-chose à payer », explique-t-elle.

De façon générale, le statut de détaillant de jeux et de jouets spécialisés des deux boutiques leur permet d’éviter une compétition directe avec les géants du commerce en ligne pour la majorité de leurs produits.

Autant Mme Geoffroy que M. Meloche espèrent une hausse de l’achalandage dans leur commerce à la suite de la fermeture du Toys R Us de Boisbriand. La propriétaire de la Jouetterie demeure toutefois prudente. L’an passé, son compétiteur direct, la boutique spécialisée Francs-Jeux à la Place Rosemère, a fermé et elle n’a pas observé de hausse significative de ses ventes depuis.

Inquiet pour le français

Jean-François Meloche craint l’impact de la fermeture de gros commerçants de jeux et de jouets comme Toys « R » Us au Québec sur la traduction française des jeux. « Il y a des jeux qui ne sont pas faits en français au Québec. Les grandes compagnies ne veulent pas nécessairement produire les jeux en français à moins d’avoir une demande », détaille-t-il.

Des grandes entreprises comme Toys « R » Us ont les moyens de faire traduire des jeux en français en raison de la quantité de jeux qu’ils commandent. Sans la demande des grosses compagnies, certains jeux pourraient voir leur traduction française disparaître du marché, déplore le propriétaire du Maître des Jeux. « Ça va peut-être être un peu nocif pour l’industrie du jeu en général », songe M. Meloche.

La direction du Toys « R » Us Boisbriand n’a pas souhaité commenter. Le siège social de Toys « R » Us Canada n’a pas répondu aux appels du Nord Info.

Léa Lemieux
Journaliste stagiaire