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Transport collectif: la TPÉCN garde le cap sur l’autonomie régionale

Photo Reine Côté – Malgré l’annonce de la ministre Geneviève Guilbault, le président de la TPÉCN, Denis Martin, maintient le cap sur son objectif d’une gouvernance régionale du transport collectif.

Transport collectif: la TPÉCN garde le cap sur l’autonomie régionale

Publié le 20/12/2024

En annonçant qu’elle remettra une somme de 24,6 M$ à l'Autorité régionale de transport métropolitain (l’ARTM) pour le développement du transport collectif sur les couronnes nord et sud, en collaboration avec le secteur privé, la ministre Geneviève Guilbault a fait un premier pas vers les Couronnes nord et sud.

Or, la Table des préfets et élus de la Couronne nord en attend davantage du ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec.

Le président de la TPÉCN et maire de Deux-Montagnes, Denis Martin, qui se démène depuis un bon moment pour une gouvernance régionale du transport collectif avec son propre budget n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin.

« Avec une croissance soutenue de l’emploi et de la population depuis plusieurs années, beaucoup reste à faire afin de répondre aux besoins de mobilité sur la couronne nord. À un moment où il est primordial de générer de nouvelles sources de financement, ce fonds consacré au développement de nouveaux services nous permettra de tester des approches novatrices avec le milieu. Nous avons hâte que nos citoyens et nos entreprises puissent en profiter. Nous saluons le gouvernement pour cette initiative et lui assurons notre pleine collaboration », a laissé savoir M. Martin en apprenant l’annonce de la ministre Guilbault.

Qui détient le pouvoir ?

C’est que cette enveloppe vise à stimuler la contribution financière du secteur privé pour offrir des dessertes spécifiques dans les principaux pôles d’emploi, ciblant du coup les grands générateurs de déplacements et les regroupements d’entreprises dans les parcs industriels et centres d’affaires et commerciaux.

Cette aide soutiendra la réalisation de projets pilotes sélectionnés et réalisés entre le 1er avril 2025 et le 31 décembre 2028 et qui feront l’objet de contrats entre exo et les entreprises privées afin que des dessertes répondant à leurs besoins soient offertes. L’aide financière du gouvernement du Québec permettra de financer un maximum de 50 % de la valeur des contrats octroyés. De manière corrélative, le secteur privé devra assumer 50 % de ces contrats.

Un comité directeur composé de représentants de l’ARTM et d’exo ainsi que d’élus des deux couronnes identifiera des projets pilotes qui seront soumis à l’approbation par le gouvernement. Le comité en assurera la mise en œuvre, le suivi et la reddition de comptes.

Faire partie de la solution

Pour le président de la Table des préfets et élus de la Couronne Nord, il est clair qu’un membre de la TPÉCN devra siéger sur exo et pas simplement sur une nouvelle structure. « On veut s’assurer justement que nos besoins soient compris », indique-t-il.

Si la période des Fêtes force une mise sur pause, Denis Martin assure qu’il reprendra dès janvier ses discussions avec exo et l’ARTM afin d’avoir leur pleine collaboration à la démarche autonomiste de la TPÉCN. Il s’attend aussi à des changements législatifs nécessaires.

« On demande au gouvernement du Québec d’être à l’écoute pour pouvoir justement passer ces changements-là pour nous permettre d’atteindre notre but, si on veut mieux gérer nos sociétés de transport. »

De ses discussions bi-mensuelles avec les représentants de la Couronne Sud, M. Martin retient que tous veulent la même chose : « Rapatrier nos revenus et avoir une gouvernance locale. »

Modèle d’affaires gagnant

Quant à savoir s’il y a un réel intérêt dans le secteur privé pour investir dans des projets de transport collectif, M. Martin y croit fermement.

C’est d’ailleurs dans le cadre de discussions à l’Union des municipalités du Québec qu’une telle formule a été suggérée.

« On était justement chez Airbus, à Mirabel, où se trouvaient différents industriels présents, qui disaient, à l’unanimité, vouloir un tel service. On leur expliquait que ce n’était pas évident, mais eux se disaient être prêts à contribuer. »

D’ailleurs il affirme que l’industriel Sécurité GMR, qui était l’hôte de la conférence de presse de la ministre Guilbault, lundi dernier, s’est lui aussi montré intéressé par le modèle de financement public-privé.

Mais les industriels veulent faire partie de la solution, pas juste se faire imposer un service, selon M. Martin.

« On doit avoir des discussions avec ces industriels-là, savoir ce qu’est leur cadre de travail, ce dont ils ont besoin, quand et de quel endroit à quel endroit. Ils ne veulent pas 25 arrêts à partir du métro, mais un service express et plus rapide pour leurs employés. »

« Et c’est ça le but des projets pilotes : parler avec ces industriels et voir comment on va s’organiser. Et probablement que le succès de certains projets va nous aider à intégrer d’autres entreprises. Et ils ont tout intérêt à la faire pour attirer une main-d’œuvre et une clientèle », soutient M. Martin.

Or, le succès du service de navette YMX Express en place depuis le 19 août, qui part du métro Montmorency pour se rendre au parc industriel de Mirabel peut servir d’exemple et en convaincre plus d’un.

Succès du YMX Express

M. Martin rapporte les données enregistrées par le maire de Mirabel, Patrick Charbonneau :  200 personnes en moyenne par jour, soit 11 320 passagers de transportés, du 19 août au 11 novembre.

Et que ce souhaite la TPÉCN, c’est justement de faire partie des discussions avec exo afin d’offrir un réseau de transport collectif plus optimal, comme profiter des disponibilités des bus en dehors des heures de pointe pour les envoyer vers les institutions comme le cégep Lionel-Groulx ou le cégep de Saint-Jérôme, qui l’un des plus gros utilisateurs avec ses milliers d’étudiants.

Or, pour cela, il faut également prendre entente avec les services de transport de Laval et de Montréal, reconnait M. Martin.

Mais la bonne nouvelle de l’annonce gouvernementale de lundi, soutient M. Martin, c’est que l’argent annoncé par Mme Guilbault assure une prévisibilité pour mettre en place les mesures d’optimisation.

Et la moins bonne nouvelle? « Il n’y a pas d’argent consacré au développement du transport en commun (dans la région). Pour nous, attendre un autre quatre à six ans avant de mettre en place du nouveau service, ce n’est pas acceptable. »