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Coupe à blanc du Canadian Pacific : Sainte-Thérèse se mobilise

Christian Charron, maire de Sainte-Thérèse, Louise Chabot, députée de Thérèse-De Blainville, et Héloïse Bélanger, conseillère municipale pour le district Chapleau, se sont rendus sur les lieux déboisés.

Coupe à blanc du Canadian Pacific : Sainte-Thérèse se mobilise

Publié le 27/05/2023

Depuis plusieurs semaines, le Canadian Pacific (CP) déboise massivement et sans précautions des arbres à proximité de son chemin de fer, qui traverse la ville de Sainte-Thérèse. Ayant reçu un bon nombre de plaintes de citoyens résidant près du passage à niveau de la rue Blainville Ouest, la Ville essaie de faire entendre raison à l’entreprise.

 « On a pris contact avec le CP et on a essayé de les sensibiliser », affirme Christian Charron, maire de Sainte-Thérèse.

Avec Héloïse Bélanger, conseillère municipale pour le district Chapleau, et Louise Chabot, députée fédérale de Thérèse-De Blainville, ils requièrent également l’intervention du gouvernement fédéral. S’il est acceptable, selon eux, que le CP défriche ses terres par souci de visibilité ou de sécurité, il en est autrement lorsqu’il n’a pas de raison valable.

« La semaine dernière, j’ai informé le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, pour lui faire part de la situation », rapporte Louise Chabot, qui dit vouloir « que le CP cesse de se comporter de façon cavalière sans se soucier un seul instant de ce que leurs actions [peuvent] avoir comme conséquences pour l’environnement et pour les citoyens de Sainte-Thérèse. »

L’abattage de ces arbres matures et en santé va à l’encontre des responsabilités de tous et chacun face à l’environnement et contraste fortement avec les valeurs vertes que prône la Ville de Sainte-Thérèse, selon Christian Charron. Le maire fait remarquer que de tels comportements ne sont pas exclusifs à la région et évoque une coupe à blanc qui s’étend possiblement à l’échelle du Canada.

« Ce qui se passe à Sainte-Thérèse, ça s’est passé ailleurs, et ça va continuer de se passer ailleurs. »

Le mur végétal, un élément important

En plus de perturber l’écosystème en place ou d’entrainer des problèmes en rapport à la dénivellation, la coupe a des conséquences directes pour les résidents du secteur. Située dans le quartier depuis plusieurs décennies, Chantal Papineau se désole de la situation.

« Les arbres nous couvraient du bruit, de la poussière, de la pollution, des ilots de chaleurs », explique-t-elle.

La Thérésienne a positionné des pancartes sur les arbres derrière chez elle pour éviter qu’ils n’y passent, appelé au Canadian Pacific et rencontré les émondeurs, sans succès.

« Il n’y avait absolument rien à faire, relate-t-elle. On n’a jamais vu ça en 30 ans. »

Sylvain Duhamel se retrouve tout autant dépassé par les événements, le chemin de fer étant accolé à sa cours. En plus d’avoir tout déboisé jusqu’aux jeunes pousses, les employés du Canadian Pacific ont laissé l’arrière de son terrain, à l’instar de celui de ses voisins, recouvert de débris de bois.

« C’est nous qui allons devoir être obligés de ramasser ça, s’indigne-t-il. C’est complètement absurde. »

Sylvain Duhamel demande ce qui est le strict minimum pour lui, soit que l’entreprise revienne pour nettoyer la zone.

Les émondeurs ont laissé les débris de la coupe à l’arrière du terrain de Sylvain Duhamel après leur passage.

Un « vide juridique »

Présentement, aucune loi n’empêche le CP de déboiser ainsi, même si tout autre Thérésien désirant couper un arbre sur sa propriété doit faire la demande d’un permis et, si celle-ci lui est accordée, il doit ensuite replanter une pousse au même endroit.

« [Le CP] est le seul citoyen de toute la Ville de Sainte-Thérèse qui peut faire ce qu’il veut sur son terrain, confirme Christian Charron. Il peut couper tous les arbres. »

« Théoriquement, le CP pourrait éliminer tout espace verdi sur ses terrains sans aucun motif valable et mettre des herbicides partout, et ça ne serait pas illégal, bien qu’absolument immoral », ajoute Héloïse Bélanger.

La directrice des Affaires gouvernementales et des Communications du Canadian Pacific, Stacy Patenaude, a répondu aux requêtes de la Ville.

« Madame Patenaude nous a indiqué qu’elle était prête à nous rencontrer pour qu’on discute du tout ensemble », précise Christian Charron.

Des déboisements du CP prévus près de deux autres passages à niveau de Sainte-Thérèse ont été retardés en raison des récentes revendications. La Ville espère que celles-ci sauront réellement décourager l’entreprise de déboiser de façon irresponsable.