Premier à fouler les planches, Batlik nous offre des morceaux rythmés aux textures intéressantes. Les paroles des textes, superbement écrits et structurés, sont plutôt parlées que chantées. Mais lorsque Batlik pousse la note, il nous révèle une voix puissante. Différents rythmes sont explorés, parfois exotiques, parfois langoureux, parfois résolument rock, mais toujours avec justesse et cohérence. Si des thèmes plus sérieux sont abordés (rupture, conditions d’emprisonnement des détenus en France, problèmes environnementaux), on ne sombre jamais dans la déprime, car Batlik s’adresse au public avec beaucoup d’humour. Il raconte, constate, nous fait bien rigoler, entre autres, en comparant les hommes dragueurs avec des chiens de prairie. Bref, une belle découverte que ce Batlik, avec ses mélodies bien ficelées, ses textes recherchés et son interprétation sentie.
Au retour de l’entracte, c’est au tour de K de nous présenter sa poésie souvent sombre, aux textes métaphoriques parfois obscurs. Il s’adresse à nous d’une voix très douce pour nous inviter à partager avec lui «une heure d’amour inconditionnel». Toutefois, ce jeune homme timide se métamorphose totalement lorsque commence la musique et qu’il est temps de chanter. K devient alors un interprète intense, les yeux clos, ressentant chaque mot et chaque note, jouant avec sa voix particulière comme si c’était un instrument. Nostalgie de l’enfance, critique politique, la peur de vieillir et la mort semblent des thèmes récurrents dans ce concert qui devient par moments un peu lourd. Cependant, l’artiste nous fait aussi cadeau de visions d’espoir pour l’avenir et l’environnement. Il joue la comédie en se glissant dans la peau d’un flic blasé, sollicite la participation du public le temps d’une visite au marché. Beaucoup d’intensité et de sensibilité de la part de cet homme aux faux airs d’adolescent.
Si cette édition des Soirées branchées était tout européenne, les prochaines fois nous permettront de venir applaudir des artistes bien de chez nous, soit l’auteur-compositeur-interprète Martin Léon (c’était le 21 novembre), puis le duo Alfa Rococo le 28 novembre.