Après 37 ans d’existence au cours desquelles elle a produit plus de 4 millions de voitures, l’usine ferme définitivement ses portes en septembre 2002.
Vingt ans après cette fermeture, qui mettait définitivement un frein à l’industrie automobile au Québec, une question s’impose. Pourquoi cette fin si abrupte?
Naissance d’un projet
Un contexte économique favorable et la signature du Pacte de l’automobile, en 1965, forment un creuset propice à l’implantation d’une première usine d’assemblage au Québec.
Le premier mai 1964, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, le premier ministre du Québec Jean Lesage et le président de GM-Canada, E.H.Walker, annoncent la construction de l’usine.
Les travaux, qui ont débuté le 13 juillet 1964, ont duré 14 mois et ont nécessité un investissement de 65 millions. L’usine couvre 1 million de pieds carrés et le terrain, à lui seul, s’étend sur 314 acres. L’inauguration officielle a eu lieu le 12 octobre 1965 en présence du premier ministre Jean Lesage et de plus de 1 000 invités.
Des débuts prometteurs
Dès le début, ce sont 939 travailleurs qui oeuvrent à la fabrication de la Chevrolet Impala. Après quelques mois, l’usine atteint les standards mondiaux de General Motors. On prévoit y assembler 100 000 voitures par année.
Les années 60 représentent l’âge d’or des voitures nord-américaines. Les fabricants européens et japonais attirent peu les consommateurs étant donné le faible coût de l’essence. Les voitures spacieuses ont la cote et on voit même l’apparition des fameuses “station-wagon”.
L’usine de Sainte-Thérèse produit, au cours des années, plusieurs modèles populaires dont la Chevrolet Biscayne, la Pontiac StratoChief, la Pontiac Grand Prix, Bonneville et l’Oldsmobile Cutlass.
Les années 70
En 1975, à son apogée, GM de Boisbriand produit la Chevrolet Monza, la Pontiac Sunbird, la Buick Skyhawk et la Oldsmobile Starfire. En 1978, on compte plus de 4 300 employés qui assemblent jusqu’à 50 véhicules par heure.
Toutefois, les années 70 voient également l’embargo sur le pétrole en 73-74, la crise iranienne et l’arrivée des petites voitures japonaises sur le marché nord-américain.
En réponse à cette situation, GM se lance dans la production de voitures sous-compactes. Il s’agit de la Chevrolet Vega et de la Pontiac Astre qui sont construites à Boisbriand en 1973-74. Toutefois, de graves problèmes de conception entachent la réputation de ces deux modèles et l’on revient rapidement à la production de véhicules plus spacieux.
Les années 80
En 1982, on assiste à la nomination d’un premier directeur d’usine québécois, André Brien. La même année, l’usine de Boisbriand se classe parmi les meilleures usines de GM.
Du coup, un investissement conjoint de Québec et du gouvernement fédéral de 220 millions est accordé à GM qui s’engage à investir 230 millions dans la construction d’un nouvel atelier de peinture utra-moderne.
Les années 90
Au début des années 90, Boisbriand obtient la production mondiale de deux nouveaux modèles: la Chevrolet Camaro de quatrième génération et la Pontiac Sunbird. Entre 1992 et 2002, Boisbriand produit plus de 975 000 voitures sur sa nouvelle chaîne d’assemblage. Les débuts sont très encourageants. Les véhicules se vendent bien. La clientèle est au rendez-vous pour ces deux véhicules à l’allure sportive.
Toutefois, après presque 10 ans de production, au tournant du XXI siècle, le vent tourne. La Camaro est boudée par les acheteurs. La mode a fait son temps et l’usine se retrouve en surcapacité. On tente de trouver d’autres solutions pour sauver les meubles, mais on n’en trouve aucune. C’est la fin pour la production de la Camaro et également pour l’usine qui ferme définitivement ses portes en septembre 2002.
Au moment de la fermeture, 1 200 travailleurs perdent leurs emplois. Les plus jeunes d’entre eux iront travailler à l’usine d’Oshawa en Ontario, tandis que les plus vieux prendront une retraite anticipée.
Renaissance du site
L’usine de GM fut finalement démantelée en 2004 et laissa la place à un vaste développement immobilier comportant un volet commercial, le Faubourg Boisbriand, un ensemble de condominiums et des espaces industriels.
par Yvan Guilbault
Membre de la Société d’histoire et de généalogie des Mille-Îles
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