Chaque jeudi cet été, Olivia, Jasmine, Michael et leur superviseure Hélène de chez Tricentris ont sillonné un secteur différent de Bois-des-Filion en trottinette et en voiture électriques.
Avant le passage du camion, ils ouvrent les bacs, observent le contenu et écrivent leur évaluation du tri sur une affichette remise à la porte du citoyen. Une photo de l’intérieur du bac est prise et est téléchargée dans une application de Tricentris afin d’alimenter une base de données.
« Au centre de tri, je voyais bien des affaires, et là, j’en vois autant ! », lance Michael, qui a déjà travaillé au centre de tri de Tricentris à Lachute.
Pas question de fouiller dans les bacs : la brigade observe uniquement le dessus du bac, et c’est souvent bien suffisant pour repérer des objets mal triés. Les bacs reçoivent la mention « Bravo » s’ils contiennent peu ou pas de matières mal triées, tandis que la mention « Oups » est remise aux bacs contenant plusieurs matières non recyclables.
Le but n’est pas de juger les citoyens, mais plutôt de les sensibiliser aux bonnes pratiques de tri, explique Myriam Forget-Charland, directrice des communications et des relations publiques chez Tricentris.
Au fil de l’été, les trois jeunes de 16 ans ont recueilli une tonne d’anecdotes sur les interactions avec le voisinage. Résidents méfiants, curieux ou bavards, animaux et objets extravagants dans les bacs ont coloré leur été de brigade.
Ils ont déjà vu des feux d’artifice, un téléviseur ou des pièces d’automobile dans des bacs, mais, somme toute, le tri est bien fait, disent-ils. Sur un total de 1150 bacs évalués à Bois-des-Filion cet été, 92% d’entre eux ont reçu la mention « Bravo », souligne Mme Forget-Charland.
Pourquoi une brigade ?
En 2020, le gouvernement du Québec a entamé la modernisation du système de collecte sélective. Toutes les municipalités québécoises ont désormais un contrat avec Éco Entreprises Québec (ÉEQ), l’organisme de gestion désigné pour les activités de collecte sélective.
En vertu de ce contrat, d’ici cinq ans, les municipalités doivent avoir un plan de diminution de la contamination de leurs bacs de recyclage. « Les municipalités peuvent prendre différents moyens pour arriver à faire leur plan, mais avoir des données, ça peut être utile. La brigade peut apporter ces données-là parce que les municipalités n’ont aucune idée de ce qui se passe exactement dans le bac de leurs citoyens », détaille Mme Forget-Charland.
« ÉEQ nous demande de valider le contenu d’à peu près 20% de nos bacs annuellement pour s’assurer que le taux de contaminants dans le bac soit réduit le plus possible », soutient Gilles Blanchette, maire de Bois-des-Filion.

Jasmine prend une photo du contenu d’un bac et la télécharge dans l’application. Les traces des analyses sont conservées dans une base de données pour soumettre une analyse globale à la Ville à la fin de l’été.
La brigade a ses limites, puisque les patrouilleurs ne retirent pas les objets mal triés, admet Myriam Forget-Charland. Toutefois, les données récoltées par la brigade permettent à la ville de faire de la sensibilisation ciblée. « Par exemple, on peut se rendre compte que, dans un secteur, tout le monde met du bois dans son bac de récupération », explique-t-elle.
Les municipalités sont aussi « tenues par ÉEQ d’avoir des activités d’éducation, d’information, de sensibilisation pour le tri des matières », affirme Myriam Forget-Charland. Lorsque les municipalités s’adonnent à ces activités, comme celle de la brigade, ÉEQ rembourse une partie des frais encourus.
« Ce contrat-là pour la brigade des bacs va nous coûter, en tenant compte du remboursement, à peu près 1000 $ par année », précise M. Blanchette. C’est avantageux pour les petites municipalités n’ayant pas les ressources nécessaires pour instaurer leur propre brigade, dit-il.
Des brigades ailleurs
Les villes de Prévost, Wenworth-Nord et Papineauville ont aussi pris les services de l’entreprise Tricentris. « La moyenne de Bravo pour l’ensemble des municipalités visitées par la Brigade au cours des huit dernières semaines est de 93% », laisse savoir Mme Forget-Charland. Certaines villes comme Saint-Jérôme ont plutôt opté pour créer leur propre brigade des bacs, avance-t-elle.
Depuis 2025, les règles de tri des matières recyclables sont uniformes à travers toute la province. Contenants, emballages et imprimés sont les trois grandes catégories de produits acceptés dans le bac de récupération.
Léa Lemieux
Journaliste stagiaire
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