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Louise Chabot : portée par les causes

Photo Dany Baribeau –

Louise Chabot dans son bureau, sous le regard de Magdelaine Parent, symbole d’une lutte qui se poursuit. À son tour maintenant de passer le flambeau à une nouvelle génération.

Louise Chabot : portée par les causes

Publié le 10/03/2025

Dans quelques semaines, Louise Chabot, députée du Bloc Québécois dans Thérèse-de-Blainville, quittera officiellement la vie politique.

Mais pas le combat. Parce que si elle a défendu des causes toute sa vie, ce sont peut-être elles qui, au fond, l’ont portée. Et elles ne s’arrêteront pas de la porter maintenant.

Elle ne ralentit pas. Comme dans la fable du lièvre et de la tortue, elle avance, méthodiquement. Une course qui n’en est pas une, où l’endurance et la constance finissent toujours par triompher. Elle approche de la ligne d’arrivée de ce pan de son histoire, mais elle sait qu’après, il y aura encore du chemin. Finir une course, ce n’est pas s’arrêter de marcher. « Je sais que je vais continuer de militer… Il y a une belle opportunité aussi pour le faire. Il y aura toujours l’opportunité de militer pour qu’on soit un jour, un Québec, un pays libre ».

Accrochée au mur près de son bureau, une présence silencieuse l’accompagne : Magdeleine Parent, militante syndicale qui, dans l’ombre de Duplessis, s’est battue pour les ouvrières du textile. Un clin d’œil à celles qui l’ont précédée, à celles qui ont porté le flambeau avant elle. Elle parle de cet héritage avec le même souffle que celui qu’elle souhaite léguer aux suivantes. Passé et avenir ne sont pas des notions distinctes, elles s’entrelacent dans une même continuité.

Devancer le vent, sentir les tempêtes

Louise Chabot est une politicienne qui prend le temps de répondre. Mais elle n’attend pas les questions. Elle les devance, les anticipe. Elle sent d’où vient le vent et ajuste sa position avant qu’on ne l’interpelle.

Elle a vu les flammes vaciller, mais aussi reprendre de la vigueur. Elle sait que rien n’est acquis. Le progrès n’a jamais été une ligne droite. « La montée de la droite dans plusieurs pays nous le rappelle brutalement : ce qu’on croyait acquis peut disparaître en un décret. On l’a vu aux États-Unis. On l’a vu ailleurs. On ne doit jamais baisser la garde ».

Un engagement qui traverse une vie

Infirmière de formation, Louise Chabot a vite compris que certains combats ne se gagnent pas au chevet d’un lit, mais bien dans les salles de négociation et dans les arènes politiques. « J’ai 30 ans de syndicalisme, j’ai été leader d’une grande centrale syndicale, la plus grande dans les services publics au Québec, la CSQ, 200 000 membres à travers le Québec ». Une constante demeure toutefois : « Faire de la politique, c’est de prendre soin des gens. C’est ce que j’ai fait tout ce temps, tant comme infirmière, comme militante, comme leader, que comme femme en politique ».

Passer le flambeau sans l’éteindre

Elle parle de transmission non pas comme une fin, mais comme une continuité. Comme un relais, où ce qui compte n’est pas la personne qui court, mais la flamme qui doit survivre au passage.

« Le féminisme, il est de l’époque du féminisme d’aujourd’hui. Il y avait tout à bâtir dans les années 60. […] Le féminisme s’exerce autrement. Je trouve que le mouvement se porte bien. Puis on voit des jeunes femmes dans tous les milieux de militance […] Le féminisme d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier, mais il est vivant ».

Dans les prochains mois, elle va ralentir. Un peu. Prendre du temps pour elle, pour ses petites-filles – toutes des filles, dit-elle, comme un clin d’œil au fil de sa vie.

Ce qu’elle souhaite pour les générations futures? Moins de doutes! « Je vais être là aussi pour soutenir toutes les femmes qui doutent. Parce qu’on a toujours des doutes ».

Toutefois, une chose ne laisse pas de doute, Louise Chabot tourne une page certes, mais le livre reste bien ouvert. Parce que l’engagement, quand il est chevillé au corps, ne s’éteint pas. Il trouve juste d’autres chemins.