Près d’une dizaine d’organismes communautaires accueillait les citoyens derrière leur kiosque installé tout autour de la place principale.
À l’entrée du site, des usagers de l’organisme Personne d’abord offraient l’un des 150 biscuits à l’avoine qu’ils avaient généreusement confectionné la veille en vue de l’événement de sensibilisation.
Un peu plus loin, l’équipe du Resto Pop offrait pour leur part la soupe et le café, question de réchauffer les visiteurs, en cette soirée au mercure automnal.
Après avoir rempli leur estomac en s’arrêtant à chacun des kiosques, les visiteurs en sont néanmoins repartis avec une masse d’informations sur la mission humanitaire de ces organismes en discutant avec les intervenants sur place.
Des organismes tels que Regain de vie, Groupe La Licorne, Resto Pop, Personne d’abord, Resto Pop, à ne nommer que ceux-là.
Hausse des besoins
La période pandémique a fait mal au moral et au porte-monnaie de bien des citoyens. Des couples se sont séparés, la violence conjugale s’est intensifiée, le budget a fortement réduit le porte-monnaie de certains.
Chez Regain de vie, l’intervenante Emmanuelle Mancuso constate une hausse des demandes d’aide de toute sorte : financière, matérielle, accompagnement et psychologique. C’est que les confinements durant la pandémie ont créé de la détresse psychologique et accentué la pauvreté parmi ceux ne pouvant plus gagner leur pain quotidien.
Selon la directrice de l’endroit, Sandrine Gaudelet, la demande d’aide alimentaire a grimpé de 30 % au cours des dernières années. Et le profil des usagers a changé et est plus diversifié. « Nous recevons des familles, des personnes seules, dont le revenu est insuffisant pour s’adapter à l’inflation, des gens qui ne sont pas capables de trouver un logement accessible et sécuritaire. La crise du logement est épouvantable », souligne-t-elle.
Retrouver son estime
À La Licorne, une ressource alternative en santé mentale, Josée s’est trouvée une seconde famille, après avoir quitté un conjoint qui la violentait depuis 20 ans. Et non sans mal, puisqu’elle devait aussi quitter une communauté, celle des Témoins de Jéhovah au sein de laquelle son mari détenait une haute position, dit-elle.
Sa propre expérience lui a fait prendre conscience qu’un un problème de santé mentale peut facilement mener une personne dans la rue, sans le soutien des organismes communautaire.
« J’étais démolie et je n’avais aucune confiance en moi. La Licorne m’a redonné goût à la vie. Aujourd’hui, je suis conscience de mon potentiel. Je suis une personne colorée et je ne permets plus à personne d’enlever mes couleurs », confie fièrement Josée, qui est locataire dans une coopérative d’habitation, où elle s’implique sur le comité de sélection.
Sensibilisation
Comme à chaque année, la tenue de la Nuit des sans-abris se veut un exercice de sensibilisation.
Afin d’y ajouter une note de divertissement, les organisateurs avaient invité les élèves de l’École de l’être à présenter un numéro de karaté-danse exprimant Les inégalités.
Sous une tente un peu plus loin, les visiteurs pouvaient écouter Les visages de l’itinérance, un documentaire de 12 minutes de la réalisatrice Maude Sabbagh et animé par Jean-Marie Lapointe.
Un concours d’abris de fortune a également été proposé et les quatre équipes participantes – les équipes des maires de Rosemère et Sainte-Thérèse, du député et ministre provincial Éric Girard, et de la députée fédérale Louise Chabot – sont arrivées ex-aequo lors du vote du public.
Revendications
Enfin, les organisateurs de l’événement ont présenté leurs revendications : des actions concrètes pour freiner la crise du logement et le rendre accessible; l’ajustement du filet social tenant compte du véritable coût de la vie en contexte d’inflation; l’instauration d’un un registre des baux de logements pour empêcher les hausses exagérées ; la fin de la judiciarisation des personnes en situation d’itinérance, si non nécessaire ; un financement adéquat de l’hébergement d’urgence du Resto Pop Thérèse-de-Blainville ; rendre les toilettes et douches accessibles et faire preuve de tolérance envers toute personne marginalisée.
MOTS-CLÉS
Rosemère
itinérance
Nuit des sans-abris