Ayant connu ses hauts et ses bas, la série de spectacles humoristiques du cabaret de l’église Sacré-Cœur s’est terminée avec un vif succès alors que Pascal Morrissette, Émilie Ouellette et le très attendu Alexandre Barrette prenaient d’assaut la petite scène. C’est aussi dans le cadre de cette dernière édition de la saison que René Forget, fébrile, a cédé le flambeau à Stéphane Poirier, qui assurera l’animation des Soirées Mort de rire dès janvier 2010.
Mais avant toute chose, René Forget se paie la traite avec un numéro de conteur, proposant une surprenante relecture de la légende de la Chasse-galerie. Une belle idée, créative et audacieuse, qui débute la soirée avec originalité. René passe ensuite le micro à la cynique Émilie Ouellette, qui se présente comme une fille ordinaire, mais dont la vie est loin de l’être! Utilisant son passage sur scène comme une thérapie, elle raconte sans prendre de gants blancs son déménagement dans le «ghetto de Laval». Avec un langage cru, elle décrit de façon très imagée la vie dans ce quartier peuplé de personnages pathétiques ou inquiétants. Elle conclut avec une comptine pas tout à fait pour les enfants, un numéro rafraîchissant tant par sa forme que par son contenu. Puis, pour son second tour de parole, René Forget récolte beaucoup de rires avec une reprise de son anecdote des toilettes turques, qu’il rend avec un jeu très physique et force expressions faciales, avant de laisser le champ libre à Pascal Morrissette. Ce dernier gagne bien vite son public par son aisance naturelle. Avec habileté, il aborde un sujet un peu tabou: l’utilisation du suppositoire pour les maux de gorge. Son numéro, présenté sous forme d’hommage à l’objet, comprend même une chanson que les spectateurs reprennent en cœur, maintenant aussi à l’aise que l’humoriste. Son sketch suivant, véritable délire sur la fameuse boîte de galettes «qui fait le plus de bruit au monde» est incroyable. Théâtral, bien construit et bien rendu, il témoigne d’un véritable souci du détail et d’un travail acharné, et le public se lève spontanément pour applaudir son auteur dès la fin du numéro. Mais Morrissette se sent tellement chez lui sur scène qu’il ne la quitte même pas durant l’entracte. Se donnant la tâche de «facilitateur d’attente», il s’agite sur des rythmes mielleux, tout simplement hilarant!
Après la désormais traditionnelle joute d’impro, Alexandre Barrette fait son entrée sur scène sous les applaudissements chaleureux de la foule, y allant de quelques déhanchements. Plus près de la tradition du stand-up comic que ses prédécesseurs, il décortique le quotidien ordinaire avec un œil vif, dénonçant le ridicule de certains comportements sociaux et soumettant d’amusantes observations sur les sports olympiques. Mais c’est surtout avec un excellent sens de l’autodérision qu’il aborde le célibat et la drague, sa naïveté, son caractère maladivement compétitif, misant sur sa propre humiliation pour générer les éclats de rire. Avec ce contenu surtout composé d’anecdotes familiales et personnelles, il est facile de s’identifier à l’humoriste, sympathique et accessible, qui sait raconter «les moments perdants de l’existence» comme personne.
Prenez note que les Soirées Mort de rire seront de retour dès le 21 janvier, à raison d’une fois par mois. Avec Stéphane Poirier à la barre, Guy Bernier et ses invités seront de la partie pour débuter la nouvelle année.