Vendredi matin, dans le gym familial de Boisbriand, il s’agit d’un premier contact entre Nord Info et le jeune boxeur. Victor Tremblay enfile ses gants, ajuste son regard. Déterminé. À vingt ans, l’athlète trace sa route avec intelligence, porté par une confiance tranquille et une équipe solide autour de lui. On n’est pas dans le discours d’un jeune prometteur qui espère percer : lui sait. Il est exactement là où il doit être.
« Depuis que je suis jeune, j’ai toujours su que j’allais réussir dans ce sport. Sans prétention. Avec le travail que j’accomplis, le talent que j’ai, l’équipe que j’ai autour de moi et mon père, je savais que j’allais me rendre là ».
Là, c’est dans un monde où les règles sont simples : talent, travail et détermination. Après une carrière amateure bien remplie — équipe nationale, championnats du monde, qualifications olympiques — Victor a fait le saut chez les professionnels.
Pour que chaque coup compte
« J’adore la boxe pro. Prendre mon temps, choisir mes coups, imposer mon rythme. Ce n’est plus juste une affaire de volume de frappes comme chez les amateurs. Ici, chaque coup doit compter ».
Et les siens comptent. Dès son entrée vers le ring, il a senti la différence avec l’univers amateur. Contrairement aux grandes salles où les boxeurs amateurs circulent librement, là, les spectateurs étaient beaucoup plus proches, certains pouvaient presque le toucher. Cette proximité ajoutait à l’intensité du moment, rendant l’expérience plus immersive et plus réelle que jamais.
Une fois le combat lancé, un autre détail l’a frappé : les gants de 8 oz. Une transition marquante.
« J’ai senti la différence tout de suite. Quand j’ai reçu les premiers coups, j’ai compris que ça frappait plus sec ».
Entre le premier et le deuxième round, son père a su recadrer son état d’esprit.
« Je me suis assis dans mon coin et mon père m’a dit : ‘C’est commencé’. Il voulait que je prenne conscience que le premier round était derrière moi et que ça se passait maintenant ».
Son premier combat professionnel s’est terminé en moins de deux rounds, son adversaire stoppé net par une droite bien placée.
« C’était spécial. J’ai ressenti un mélange d’excitation et de pression, mais une fois que la cloche a sonné, tout s’est aligné. J’ai fait ce que je devais faire ».
Mais pas question de s’attarder trop longtemps sur cette victoire. Son deuxième combat approche déjà, prévu pour le 27 février, soit moins d’un mois après sa première victoire. Il se déroulera au Casino de Montréal, en sous-carte du combat opposant Kim Clavel à Anabel Ortiz, un événement très attendu sur la scène québécoise.
« Mon prochain combat approche. Je vais affronter un gars de l’Ouest, ce qui donne un petit côté championnat canadien à ce duel. Il ne voudra pas commencer sa carrière avec une défaite, alors il va arriver extrêmement motivé. On travaille sur des ajustements, surtout dans mon approche défensive. Je veux être encore plus patient, plus précis ».
Son père, Hugo, insiste aussi sur ce point lorsque questionné sur le fait de regarder son fils encaisser des coups à la tête : « Victor a vraiment une défensive du tonnerre, avec l’expérience, on apprend comment rouler avec les coups pour éviter les dégâts, mais tout passe par sa défensive ».
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Victor Tremblay a son père, Hugo, pour entraîneur depuis son plus jeune âge. On les voit ici dans le gym familial, Rival Boxing Gym Rive-Nord, à Boisbriand.
L’héritage de la boxe et l’arrivée de Russ Anber
La boxe est une tradition familiale chez les Tremblay. Hugo, le père et l’entraineur de Victor, est un ancien champion canadien. Après sa carrière dans le ring, il est devenu éducateur pour la commission scolaire, avant d’ouvrir son propre gym, avec le soutien de Russ Anber et de Rival Boxing. Sa passion pour la transmission du savoir, que ce soit à l’école ou dans le sport, a marqué l’approche qu’il a adoptée en tant qu’entraîneur. « Nous avons toute sorte de gens ici, commente l’entraineur. Des jeunes, des plus vieux, des policiers, des avocats […] tout le monde se côtoie et s’encourage ». C’est dans cet environnement que Victor a grandi, adoptant la boxe non seulement comme sport, mais comme mode de vie.
Tout comme pour Hugo, Russ Anber a joué un rôle tôt dans la carrière de Victor, dès son plus jeune âge. Entraîneur de renom, il l’a aidé à intégrer des circuits de haut niveau et à combattre à l’international, lui permettant d’acquérir une expérience. Appelé par le Nord Info à se prononcer sur ce qui attend Victor, M. Anber est clair : « Victor doit apprendre la patience et la progression méthodique en boxe professionnelle. C’est un métier difficile où tous veulent être champions, donc il doit évoluer intelligemment et ne pas se précipiter. Il a un excellent QI de ring, il sait s’adapter, et son père est un gros atout pour lui, ayant lui-même une expérience en boxe. Il sait boxer à l’intérieur malgré sa grande taille, mais il doit apprendre à tout faire pour être complet en tant que boxeur pro ».
L’évolution de son entourage et son intégration chez Bomac
Avec l’expérience accumulée sur les rings internationaux, l’entourage de Victor a également évolué. Hugo raconte la rencontre qui changerait leur vie : « Nous étions allés dans un gala à New-York pour voir Keyshawn Davis se battre. Nous le suivions déjà depuis plusieurs années. Sur place, Victor a interpellé l’un des entraîneurs présents. Quelques jours plus tard, contre toute attente, on recevait un message : « C’est Bomac, on voit que tu as du potentiel, on veut travailler avec toi, tu viendras nous voir » ».
Croyant tout d’abord à une arnaque, Victor en ri aujourd’hui. « Après quelques échanges, on a compris que c’était bien réel et que j’avais une opportunité énorme devant moi ».
Depuis ce jour, sa vie a changé. « J’ai passé des semaines aux États-Unis avec eux. Au début, j’étais le petit nouveau. Mais à force de travailler avec eux, ils ont vu ce que j’avais à offrir. Aujourd’hui, je fais partie de l’équipe ».
Grâce à cette connexion, Victor a pu s’entraîner aux États-Unis avec certains des meilleurs boxeurs du monde, intégrant une structure où la discipline et l’intelligence tactique sont primordiales. Interpelé dans le cadre de cet article, l’entraineur de l’année 2023, Brian “Bomac” McIntyre ne tarit pas d’éloges sur son jeune protégé :
« Victor est un jeune extrêmement talentueux. Il a le cœur d’un lion, il est toujours prêt à apprendre. Je le vois devenir un multiple champion du monde dans le futur ».
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Brian Bomac Mcintyre, entraineur de renom, décrit le jeune Tremblay comme un possible multiple champion du monde. On le voit ici, il y a quelques semaines, en présence de Victor.
Sa relation avec Yvon Michel et la gestion de sa progression
Dans cette phase cruciale de sa carrière, Victor bénéficie également du soutien du promoteur Yvon Michel. Son rôle est essentiel pour baliser son chemin dans la boxe professionnelle, en veillant à ce qu’il progresse à un rythme adéquat sans brûler les étapes.
« Yvon est un fin stratège. Il sait exactement comment gérer une montée progressive pour que je sois prêt quand arriveront les plus grands défis », raconte Victor, du haut de ses 20 ans.
L’approche consiste à lui offrir un nombre optimal de combats dans l’année, en augmentant graduellement le calibre de ses adversaires. L’objectif : bâtir un palmarès solide tout en lui permettant d’acquérir de l’expérience dans différentes situations de combat.
L’expérience du premier combat et la préparation du deuxième
Le passage au niveau professionnel est une étape marquante, et Victor a vécu son premier combat comme un test de sa préparation mentale et physique.
« Le stress, l’ambiance, l’attente… tout était plus intense que dans les rangs amateurs. Mais une fois sur le ring, c’est devenu instinctif ».
Avec une victoire convaincante à la clé, il sait maintenant mieux à quoi s’attendre et se prépare avec une approche encore plus rigoureuse pour son deuxième combat.
« On travaille beaucoup sur la gestion du tempo. Dans mon premier combat, j’ai voulu imposer mon rythme rapidement, mais maintenant, on affine la stratégie pour être encore plus efficace ».
Son prochain adversaire sera plus expérimenté, et chaque séance d’entraînement est pensée en fonction des ajustements à apporter.
« Je veux être encore plus précis, mieux placé, et surtout, éviter les erreurs qui peuvent coûter cher à ce niveau […] En boxe amateur, tu peux te faire toucher et ça change pas grand-chose. En pro, avec les petits gants, pas de casque, si le gars mange une droite propre, il réfléchit trois, quatre fois avant de rentrer. Tu peux être en contrôle d’un combat et, en une seconde, un coup bien placé peut tout changer ».
Avec son équipe, son entourage et son éthique de travail, Victor Tremblay est sur la bonne voie. Ce n’est que le début d’un parcours qu’il entend bien mener au sommet.
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