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Blainville devra-t-elle céder un terrain à Stablex ?

Photo Hugo Bisson –

Expropriation imminente :
Québec force Blainville à plier!

Blainville devra-t-elle céder un terrain à Stablex ?

Publié le 27/02/2025

Le gouvernement du Québec a l’intention de forcer la Ville de Blainville à céder un terrain à l’entreprise Stablex afin d’éviter un bris de services. Une loi spéciale à cet effet serait même envisagée par Québec.

C’est le quotidien La Presse qui a sorti la nouvelle dans son édition du 23 février, appuyé par une lettre en provenance du ministère des Ressources naturelles et des Forêts, qui confirme qu’une analyse des options possibles est en cours. 

L’échéancier 2027

Le principal enjeu ? La capacité actuelle à accueillir des déchets industriels qui tire à sa fin. Pour poursuivre l’enfouissement de ces déchets – qui parviennent de tout le Québec et des États-Unis – Stablex a besoin d’ouvrir une nouvelle cellule.

Or, l’actuel site d’opération de Stablex atteindra sa capacité d’enfouissement d’ici 2027. Voilà donc ce qui pousse l’entreprise à vouloir exploiter un autre terrain que l’on pourra exploiter sur plusieurs décennies encore. Le terrain de 70 hectares ciblé dans la tourbière permettrait l’enfouissement au moins jusqu’en 2065, selon ce qu’a laissé savoir le Ministère.

Un choix désapprouvé par la Ville de Blainville. La mairesse de l’endroit n’a d’ailleurs pas tardé à réagir à la nouvelle médiatisée du 23 février. Celle-ci se dit inquiète d’apprendre que le gouvernement du Québec est prêt à exproprier le terrain de la tourbière, qui appartient pourtant à la Ville de Blainville, au profit d’une entreprise américaine.

Pas dans la tourbière

Pourtant, une analyse comparative indépendante effectuée par une équipe d’experts d’Habitat Nature et commandée par la Ville de Blainville l’automne dernier a clairement démontré que la tourbière est d’un grand intérêt écologique, fait savoir Mme Poulin.

« L’expropriation de ce terrain n’est pas requise puisqu’un autre terrain est déjà désigné comme « cellule 6 » et destiné à la poursuite des activités de Stablex depuis 40 ans. Cette « cellule 6 » déjà existante, située à proximité des autres cellules de Stablex, présente un intérêt écologique moindre puisque ce terrain est déjà perturbé par les activités antérieures de l’entreprise. Il comporte aussi l’avantage de garantir la poursuite des activités de Stablex pour les 25 prochaines années au lieu de 40 ans », souligne la mairesse de Blainville.

« On comprend que les activités de Stablex ont un intérêt certain sur le plan économique, particulièrement au moment où certains développements industriels – notamment la filière batterie – sont tributaires des services de l’entreprise. Cependant, étant donné les désavantages environnementaux et le coût que représente l’acquisition d’un nouveau terrain au bénéfice de l’entreprise Stablex, il nous apparaît plus réaliste de poursuivre les activités de l’entreprise là où c’était initialement prévu, sans frais pour les contribuables », ajoute-t-elle.

Photo : Hugo Bisson
La mairesse de Blainville, Liza Poulin, estime la décision du gouvernement du Québec incohérente dans le contexte de la guerre économique qui s’ouvre avec les États-Unis, sous la présidence Trump.

L’entreprise américaine privilégiée

Pour Mme Poulin, il est clair que le gouvernement Legault a privilégié les États-Unis aux dépens des Blainvillois. Une décision qu’elle s’explique mal.

« Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons fait la démonstration à des représentants de quatre ministères (Environnement, Économie et Innovation, Ressources naturelles et Affaires municipales) que l’expropriation est indéfendable au niveau environnemental, économique et sur l’acceptabilité sociale », insiste-t-elle.

« Le gouvernement du Québec, qui se dit nationaliste, veut favoriser une entreprise américaine alors que nous sommes sous la menace de tarifs douaniers du président Trump. C’est complètement incohérent », martèle Mme Poulin.

La mairesse de Blainville assure qu’elle n’a pas l’intention de laisser tomber ses citoyens dans ce dossier.  « Je veux dire aux Blainvillois que ma priorité est de sauver notre tourbière et que je me battrai jusqu’au bout. »