Survol rapide: après l’incendie du Séminaire de Sainte-Thérèse (aujourd’hui le Collège Lionel-Groulx), en 1881, le supérieur de l’institution, Antonin Nantel, en avait tout de suite lancé la reconstruction, sans moyens, tout en faisant la promesse d’ériger un oratoire à saint Joseph s’il parvenait à amasser les fonds nécessaires, dans le cadre d’une collecte populaire.
On devine qu’il a été exaucé et c’est depuis 1886 que le petit bâtiment fait partie du paysage thérésien. Mais voilà, il se trouve aujourd’hui dans un état de grand délabrement et tant la SHGMI que la Ville de Sainte-Thérèse et le Collège Lionel-Groulx souhaitent que le ministère de la Culture et des Communications du Québec débloque les fonds nécessaires à sa restauration.
Le fait français au Canada
Avec le support de la Ville, la SHGMI dispose d’une enveloppe globale de 15 000 $ (échelonnée sur trois ans) qu’elle investit dans une démarche de mise en valeur de l’oratoire. En 2018, une conférence a été préparée et prononcée par Pierre Leclerc, celui qui porte le dossier au nom de la SHGMI et qui, cette année, mène un projet de documentaire d’une trentaine de minutes réalisé par la Télévision des Basses-Laurentides (TVBL).
«Nous souhaitons que ce documentaire devienne un document permanent qui serait présenté à chaque rentrée, afin que les cégépiens connaissent l’histoire de cet incendie et de cette reconstruction qui est un formidable exemple de solidarité» , exprime Pierre Leclerc qui pousse la réflexion jusqu’à affirmer que, sans cette reconstruction, l’histoire du Canada français n’aurait pas été la même.
De fait, le Séminaire de Sainte-Thérèse fut notamment l’alma mater de Basile Routhier (auteur de l’Ô Canada) et Augustin Lavallée, le père de Calixa qui en composa la musique, le facteur d’orgues Joseph Casavant, le curé Antoine Labelle, le sculpteur Joseph-Olindo Gratton et plusieurs autres.
L’an prochain, on aimerait qu’une activité de concertation soit organisée avec différents partenaires, histoire de démontrer que le sort du bâtiment préoccupe la communauté et pas seulement les férus d’histoire.
Une vocation laïque
À cet effet, Pierre Leclerc souhaite que toutes les parties impliquées dans le dossier s’entendent pour donner une vocation autre que religieuse à l’oratoire Saint-Joseph, qui fut un lieu de pèlerinage jusqu’en 1967 (notamment parce qu’il abrite la sépulture du curé Charles-Joseph Ducharme, fondateur du Séminaire).
Ce n’est évidemment plus le cas et M. Leclerc cite alors une étude, commandée en 1993 par le ministère de la Culture et réalisée par l’historien d’architecture Luc Noppen (une sommité en la matière), qui en arrivait à la conclusion qu’il fallait élargir la vocation du bâtiment. «L’oratoire Saint-Joseph est avant tout un monument commémoratif» , écrivait-il dans son rapport, suggérant qu’on en fasse «un lieu évocateur des grandes figures de la vie seigneuriale, institutionnelle, municipale, mais aussi nationale.»
Pour Pierre Leclerc, il y a là une fenêtre qui s’ouvre, d’autant plus qu’une demande de subvention pour la restauration d’un bâtiment à caractère religieux, tel que mentionné dans l’étude, serait difficile à défendre et qu’il vaudrait mieux éviter cette option. «Concertons-nous et demandons-nous ce que nous pourrions faire pour que la population s’approprie ce lieu patrimonial. On a un joyau, ici» , insiste-t-il, tout en sachant ce qu’il en coûte de restaurer un tel bâtiment (on avance le chiffre de 900 000 $).
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