Visiblement secouée, Mme Poulin a précisé dès le début de la séance publique avoir reçu cette lettre juste avant le début de la séance du conseil municipal.
Pas d’entente avec Stablex
D’entrée de jeu, elle a dit s’être entretenue avec le ministre de l’Environnement Benoît Charrette, le jour précédent, souhaitant clarifier les propos de ce dernier dans un texte paru dans La Presse de samedi, dans lequel il laissait entendre une entente imminente entre son ministère, Stablex et avec la Ville de Blainville.
Mme Poulin a tenu à apporter des clarifications. « Je veux que ce soit clair : ces affirmations sont complètement fausses. La Ville ne participe à aucune discussion. Il n’y a aucun projet d’entente. »
Dans l’article, le ministre Charrette affirmait que les activités de Stablex sont nécessaires pour le Québec et qu’il souhaite aller de l’avant avec une version améliorée à celle présentée par Stablex.
« Je ne pense pas me tromper en disant que c’est l’information la plus importante dans cet article. J’ai eu l’occasion d’en parler directement avec le ministre hier et je lui ai réitéré que la Ville de Blainville n’a pas l’intention de céder la parcelle de territoire sur laquelle le gouvernement veut autoriser ce projet », a martelé Mme Poulin.
Le ministre s’est montré très clair à ce propos, selon Mme Poulin. « Le gouvernement du Québec veut aller de l’avant avec le projet Stablex », lui a répété celui-ci.
Missive de Québec
Dans le mot de la mairesse mis à sa disposition, en préambule de la séance publique, Mme Poulin a lu quelques extraits de ladite lettre envoyée par le ministre Charette.
« Il est du meilleur intérêt de vos citoyens que vous puissiez convenir d’une entente avec Stablex. À défaut d’une entente avec Stablex, je n’exclue pas d’utiliser d’autres moyens mis à ma disposition », affirme le ministre de l’Environnement, Benoît Charrette, dans sa lettre officielle.
« Si je résume, l’intention du gouvernement est claire : le ministre nous rappelle qu’il a tous les outils nécessaires pour y parvenir, incluant l’expropriation. Notre intention à nous, elle est très claire aussi : c’est de ne pas entreprendre de discussions avec Stablex. Au moment où je vous parle, je ne connais pas les tenants et aboutissants du projet visé par le gouvernement. C’est un détail important puisque le ministre de l’Environnement déclarait à La Presse : « on étudie une autre option qui permettrait de préserver les milieux humides d’intérêt. »
« Donc, on sait que le gouvernement examine une expropriation. On ne sait pas exactement l’étendue visée, mais on sait que ça inclue les territoires qui appartiennent à la ville. On sait aussi que les municipalités sont des créatures du gouvernement du Québec et que si le gouvernement veut aller de l’avant, il y a beaucoup d’outils juridiques qui ont préséances sur nos règlements d’urbanisme y compris intérimaires », a indiqué la mairesse de Blainville.
Recours possibles ?
Mme Poulin a donc demandé au procureur de la Ville un avis juridique détaillant tous les recours légaux possibles qui pourraient être utilisés par la Ville afin de s’opposer à la décision ministérielle. La mairesse Poulin, les membres du conseil municipal et l’équipe de la direction générale se pencheront sur cette affaire au cours des prochains jours, notamment pour tenter de savoir quelle partie du territoire est visée par la décision du gouvernement.
« C’est une situation complexe, mais l’orientation reste très claire pour nous : c’est d’agir dans l’intérêt des Blainvillois », a conclu Mme Poulin.
Rappelons que les opérations d’enfouissement de déchets industriels de l’entreprise Stablex soulèvent l’indignation d’un bon nombre de citoyens blainvillois et de groupes environnementalistes depuis des mois.
Même le BAPE tenu en septembre 2023 recommandait de ne pas faire usage d’une nouvelle cellule, considérant la proximité avec des résidents du développement domiciliaire récent. La Ville avait résilié son entente avec Stablex visant l’expansion de ses activités.
Depuis, les militants s’opposant aux opérations de Stablex ont pris plusieurs actions pour faire intervenir les décideurs élus. Au courant du mois de mai, ils ont tenu deux manifestations aux alentours du bureau de Stablex et ont aussi fait parvenir une mise en demeure au ministre de l’Environnement, Benoît Charrette.
Or, la décision de Mme Poulin a suscité la surprise parmi les militants environnementalistes assis dans la salle. Chacun d’eux a même félicité Mme Poulin pour sa prise de position claire s’opposant à la décision du gouvernement.
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