Depuis lundi, le nombre d’opposants se multiplie. Sans surprise, c’est d’abord l’opposition libérale, par la voix de la députée des Mille-Îles, Virginie Dufour, qui a fait part de son indignation, puis s’en est suivi un défilé de réactions, dont celles de l’UPA, de la CMM et d’une coalition de groupes environnementaux.
Pas d’acceptabilité sociale
La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) s’oppose fermement à l’expansion du site d’enfouissement de déchets dangereux de Stablex dans l’un des rares complexes de milieux humides de plus de 500 hectares du Grand Montréal.
La CMM attire l’attention sur le manque d’acceptabilité sociale du projet et interpelle explicitement Québec de revenir sur sa décision.
« La CMM demande au gouvernement du Québec de ne pas forcer Blainville à lui vendre le terrain de 67 hectares convoité par Stablex, qui compte 9 hectares de milieux humides et 58 hectares de boisés. Dans la région métropolitaine, où la protection des milieux naturels est aussi complexe qu’essentielle, et où les gains sont difficiles à concrétiser en raison de l’urbanisation, toute perte de milieux naturels est considérée critique. Ainsi, la cible de 30 % de milieux naturels protégés dans le Grand Montréal d’ici 2030 ne pourra être atteinte si la destruction de milieux naturels se poursuit. Dans le contexte, l’utilisation d’un terrain à haute valeur écologique pour l’enfouissement de matières dangereuses résiduelles provenant à 40 % des États-Unis et de Toronto semble malavisée. »
Un écosystème d’une importance capitale
L’aspect écologique préoccupe également le milieu agricole. La Fédération de l’UPA Outaouais Laurentides et le Syndicat de l’UPA des Basses-Laurentides se sont exprimés à cet effet, reprochant au gouvernement sa contradiction avec ses orientations environnementales et ses engagements en matière de protection des milieux naturels et agricoles de la région.
« Bien que nous reconnaissions la nécessité d’un traitement adéquat des matières dangereuses au Québec, nous jugeons inacceptable que l’implantation d’une nouvelle cellule d’enfouissement se fasse au détriment d’un écosystème d’une importance capitale, mettant potentiellement en péril les terres agricoles de Blainville. La zone humide convoitée est l’une des plus vastes au nord de Montréal et revêt un intérêt écologique majeur, tel que confirmé par le recensement des espèces.
« Ce projet constitue un précédent inquiétant pour la gestion du territoire et la protection de l’eau. Il est essentiel que le gouvernement revoie cette décision afin d’assurer un développement respectueux de notre environnement et de nos communautés rurales », affirme Stéphane Alary, le président de l’UPA Outaouais-Laurentides.
« L’implantation d’une nouvelle cellule en zone humide pose un risque pour nos terres agricoles. Toute contamination de l’eau ou des sols pourrait avoir des répercussions désastreuses sur l’agriculture locale et la sécurité alimentaire de la région. Nous demandons au ministre de l’Environnement et au premier ministre d’avoir le courage politique de prioriser la protection de nos terres et de nos producteurs agricoles », a déclaré pour sa part Audrey Lemaire, la présidente de l’UPA Basses-Laurentides.
Plein de déchets américains
La coalition de groupes environnementaux regroupant Eau Secours, le Mouvement d’action régional en environnement (MARE), la Société pour vaincre la pollution (SVP), Mères au Front – Rivière des Mille-Îles et la Coalition Alerte à l’enfouissement Rivière-du-Nord (CAER) s’est également exprimée à l’encontre de la décision du gouvernement Legault.
Des données recueillies et analysées par la Société pour vaincre la pollution, qui fait partie de la coalition, les données relevées démontrent non seulement que plusieurs entreprises établies au Québec importent de grandes quantités de déchets dangereux jusqu’à Blainville, mais aussi que Stablex a laissé entrer 385,770, tonnes de déchets en provenance des États-Unis vers son site d’enfouissement de Blainville, de 2018 à 2022 inclusivement, soit 46% de la quantité totale de déchets industriels reçue.
L’exemple du Mexique
La Coalition rappelle qu’à la suite d’une enquête du média The Guardian, montrant comment le Mexique et le Canada reçoivent des quantités énormes de déchets dangereux, le gouvernement du Mexique est intervenu immédiatement auprès de l’entreprise polluante, allant même jusqu’à fermer l’usine le temps d’éclaircir la situation.
« Le Mexique, de son côté, intervient tout de suite pour rectifier une situation de pollution liée à l’importation de déchets dangereux américains. Au Québec, après qu’une campagne d’échantillonnage ait démontré des seuils de contamination inquiétants, notre gouvernement déroule le tapis rouge à Stablex », martèlent les groupes membres de la coalition.
« Les Québécois et Québécoises sont en droit de savoir quelles matières circulent dans leur milieu de vie et les risques liés à la gestion de ce type de déchets. Il est temps de lever le voile sur cette pratique et de questionner sérieusement nos décideurs », insiste la coalition.
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