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Toi comme hier -Marianne Marquis-Gravel

Photo Jade Lesieur

Toi comme hier -Marianne Marquis-Gravel

Publié le 27/09/2025

« Dans tout ce que ce pronostic a d’angoissant, il y a cette idée de ne plus pouvoir rêver loin. » (p. 15)

Avec Toi comme hier, publié chez Leméac à l’été 2025, Marianne Marquis-Gravel livre un ouvrage d’une grande intimité. Professeure de littérature au Collège Lionel-Groulx et résidente de Sainte-Thérèse, elle poursuit ici l’histoire amorcée dans Dans la lumière de notre ignorance (2022), où elle racontait sa vie amoureuse avec l’écrivain québécois Simon Roy, marquée par l’annonce d’un cancer du cerveau incurable.

Ce deuxième livre se présente comme une longue lettre d’amour adressée à Simon, où l’autrice partage les derniers mois passés ensemble, la perte inévitable, puis l’après. Dans cette traversée du deuil, Marianne écrit pour maintenir ce lien indéfectible, comme si les mots pouvaient prolonger la présence de celui qu’elle a aimé.

La lecture bouleverse par sa sincérité. On a parfois l’impression d’entrouvrir la porte d’une intimité où se mêlent douceur, vulnérabilité et courage. Si les thèmes sont lourds — la maladie, la mort, le deuil —, ils sont racontés avec une finesse désarmante. Chaque page est traversée par la tendresse des souvenirs et une lucidité face à la fin.

Sur le plan littéraire, Toi comme hier poursuit le récit raconté dans son premier livre. Sa plume capte l’essence de ce qui échappe : un temps limité, une vie qui bascule. Comme le décrit Marianne, « c’est par toutes ces petites fins que le deuil écorche. Après le choc brutal de la mort, il se fragmente en mille menus aboutissements qui se succèdent et s’accumulent au fil des heures, des jours, des mois. » (p. 114).

De cette douleur émiettée naît pourtant une forme de résilience. « J’ai décidé de transformer le coup asséné par le destin en autre chose, une chute libre qui, plutôt que d’être fatale, serait une cascade grandiose. » (p. 105). Par ce geste d’écriture, Marianne ouvre son expérience personnelle à l’universel, rappelant que la perte touche chacun de nous, tôt ou tard.

Ce livre s’adresse à tous ceux qui ont déjà été confrontés à la fragilité de la maladie et à la perte d’un être cher. On le referme, le cœur serré, avec le sentiment d’avoir accompagné Marianne dans une épreuve profondément humaine : apprendre à continuer d’aimer, même après — et peut-être, à trouver dans les mots une lumière pour traverser la douleur.