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Marianne-Marquis Gravel sur la voie de « Météores »

Photo Guillaume Boucher / Marianne Marquis-Gravel, auteure de « Dans la lumière de notre ignorance ».

Marianne-Marquis Gravel sur la voie de « Météores »

Publié le 31/08/2023

Près d’un an après sa première parution et onze mois à la suite du décès de son conjoint, Marianne Marquis-Gravel se remet à cristalliser les souvenirs de sa relation au travers son prochain roman, Météores.

S’entremêleront cette fois deux trames narratives : celle d’un maintenant discordant et d’un avant qui ne semble plus lui appartenir.

« La maladie était tellement dense, ça a été dix-huit mois où chaque journée était lourde en émotion, confie-t-elle. Je me rends compte que le couple d’avant le diagnostic est très loin dans ma tête. Il est devenu pour moi-même une espèce de songe, comme si c’était un récit que je m’étais racontée, parce que, ce qui est le plus proche de moi, c’est le deuil, c’est Simon malade. »

Simon, c’est Simon Roy, romancier et enseignant en littérature au Collège Lionel-Groulx, qui fut d’ailleurs le théâtre de leur rencontre, puisque Marianne y occupe les mêmes fonctions. La tumeur au cerveau qu’on lui a diagnostiquée ne pouvait représenter pire supplice pour un littéraire ; elle affectait ses fonctions langagières et faisait s’effacer les mots en d’infinis deuils quotidiens. Malgré la rudesse de l’épreuve, leur amour transcende les pages de Dans la lumière de notre ignorance et rend l’œuvre porteuse d’un espoir insoupçonné.

« J’écris l’émotion brute »

La retenue n’est pas de mise dans le processus de rédaction de la jeune auteure. C’est précisément vrai pour son premier roman, au cours duquel elle fait déferler sa plume avec une urgence ressentie par le lecteur. Dans la lumière de notre ignorance résulte en un portrait vif d’une douleur en temps réel qu’elle ne pouvait tempérer, dans cette « course contre la montre » pour que Simon puisse ultimement tourner les pages du livre, alors que la fin approchait.

« Je voulais figer quelque chose que je perdais, que je sentais s’effriter entre mes mains, se remémore Marianne Marquis-Gravel. Là, ce n’est plus le présent qui m’échappe, c’est le passé. »

Météores se construit quant à lui avec un certain contrôle, bien qu’il soit tout autant troublant pour l’écrivaine de se réimmerger dans son vécu. Fraichement choisi, le titre n’est pas laissé au hasard, au sens où l’histoire emprunte une nouvelle fois la forme de fragments, qui feront s’interconnecter des bribes de mémoire comme des moments filants dont l’auteure capture l’incandescence. L’achèvement de chaque section est « galvanisante » pour Marianne-Marquis Gravel et lui permet, chaque fois, de tirer un morceau de guérison.

« C’est salvateur, exprime-t-elle. Il y a des journées où je préfèrerais ne pas me lever, mais après, j’écris et je suis sereine. C’est vraiment physique. »

Avec Simon

Ayant maintenant à concilier avec l’étrangeté d’un parcours solo, Marianne Marquis-Gravel se voit habitée par un vide singulier lorsque vient le temps de créer, puisque son lecteur premier et mentor n’est plus. Cela dit, Simon, dont l’essence demeure dans toutes choses du quotidien, lui a laissé nombre de leçons, dont celles de savoir foncer et de se faire confiance.

« Maintenant que je sais qu’on peut mourir n’importe quand, je n’hésite plus. Si j’ai envie de faire quelque chose, je le fais. C’est l’expérience la plus dure que j’ai vécue, mais aussi celle qui m’a fait le plus apprécier la vie. »

L’enseignante établira une résidence d’écriture à la Bibliothèque de Sainte-Thérèse et donnera des ateliers-conférences cet automne, dans l’idée d’enrichir sa réflexion et de façonner Météores. Le Conseil des arts et des lettres du Québec, en collaboration avec la MRC de Thérèse-De Blainville et Culture Laurentides, lui offre 17 800$ pour le concrétiser, dans le cadre du Programme de partenariat territorial des Laurentides, qui, au total, encourage 25 projets d’artistes ou de groupes d’ici.

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